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Les femmes à l'épreuve du VIH - HAL

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134615-PAO- Folio : p58 - Type : pINT 11-01-27 07:56:07L : 179.991 - H : 249.992 - Couleur : Black<strong>Les</strong> <strong>femmes</strong> à l’épreuve <strong>du</strong> <strong>VIH</strong> dans les pays <strong>du</strong> SudL’utilisation plus fréquente par les <strong>femmes</strong> des services de traitement et de soins liésau <strong>VIH</strong> est bien documentée. Elle a été attribuée à la notion burkinabè de virilité quidéfinit le statut de l’homme en fonction de son aptitude à subvenir aux besoins de safamille [30, 31] et qui fait que les hommes éprouvent des difficultés à chercher del’aide en dehors de la sphère familiale auprès d’associations, alors que les <strong>femmes</strong>ont moins honte en tant que mères et épouses si elles doivent demander de l’aide etchercher des services de santé et de denrées gratuits. Ces résultats suggèrent queles programmes de traitement, de prévention et de dépistage doivent définir desstratégies spécifiques pour faciliter l’accès des hommes aux services.Le deuxième résultat important <strong>du</strong> point de vue des différences de genreconcerne l’expérience <strong>du</strong> dépistage et les conséquences de la révélation <strong>du</strong>statut. L’analyse des réponses aux questions ouvertes montre que les <strong>femmes</strong>sont plus réticentes que les hommes à approuver le dépistage obligatoire et larévélation <strong>du</strong> statut sans consentement, et sont moins enclines à révéler leurstatut sérologique ou à parler <strong>du</strong> <strong>VIH</strong> avec leur partenaire. D’autres études ontmontré des résultats similaires : par exemple, seulement 46 % des <strong>femmes</strong> enCôte-d’Ivoire révélaient leur séropositivité [32], ce qui représente un problèmeconsidérable, étant donné les hauts niveaux de séro-différence au sein descouples [33]. La vulnérabilité des <strong>femmes</strong> face à d’éventuelles stigmatisations etdiscriminations s’explique par leur plus grande pauvreté, leur moindre é<strong>du</strong>cation,leur moindre accès aux ressources en général et les inégalités de genre quidéfinissent leur statut. <strong>Les</strong> différences de genre concernant la crainte de conséquencesnégatives et les différentes motivations qui incitent à faire le test <strong>du</strong> <strong>VIH</strong>correspondent bien aux résultats d’autres études sur les différences dans lesperceptions <strong>du</strong> risque [34] et sur les motivations <strong>du</strong> dépistage [35].La surprise exprimée par les <strong>femmes</strong> lorsque le résultat <strong>du</strong> test est positif indiquequ’elles se perçoivent comme ayant été exposées par les comportements àrisques de leurs partenaires. Ce résultat montre l’inadéquation entre lesméthodes de prévention préconisées et la réalité des situations d’exposition etmet en question la notion de la fidélité comme moyen de se protéger <strong>du</strong> virus.Comme le montre l’analyse de Taverne [36], la signification de la fidélité auBurkina et les valeurs morales qui l’entourent varient selon que l’on est unefemme ou un homme. Elles ne cadrent pas toujours avec un discours internationalqui exhorte à la fidélité comme stratégie unique de prévention.Une autre différence de genre que nous avons constatée a trait aux inquiétudesconcernant le dépistage : alors que <strong>femmes</strong> et hommes évoquent les insultes etl’exclusion, les craintes des <strong>femmes</strong> sont plus souvent axées sur l’abandon et lamenace d’expulsion de leur lieu de vie, un résultat qui a été rapporté dans denombreuses études [37-41].Cependant, la situation n’est pas statique et il semble qu’une certaine toléranceapparaît, puisque près de la moitié des enquêtés disent n’avoir pas enten<strong>du</strong>parler d’exemples de stigmatisation liée au <strong>VIH</strong> dans leur entourage et qu’environtrois sur quatre ne l’ont pas vécue. Dans leur échantillon national, Kouanda, Bila,Bocum, Yaya et coll [20] ont également noté des réactions d’encouragement, cequi correspond aussi aux résultats d’études hors <strong>du</strong> Burkina [42].NoteCette analyse a été menée avec le soutien <strong>du</strong> département <strong>VIH</strong> de l’Organisation mondialede la santé (OMS), mais ce document ne reflète pas les opinions ou positions de26

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