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Les femmes à l'épreuve du VIH - HAL

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134615-PAO- Folio : p245 - Type : pINT 11-01-27 07:56:11L : 179.991 - H : 249.992 - Couleur : BlackEffets de genre et de génération sur l’entraide intra-familiale au Burkina Fasodésavouée par la famille de son époux défunt et ses enfants ne sont plus prisen charge par leur famille paternelle à laquelle pourtant ils appartiennent. Detelles pratiques tendent ainsi chez les mossi (population majoritairement rencontrée)à remettre en cause la force <strong>du</strong> lien de filiation patrilinéaire, ce lien n’étantplus marqué dans ce cas par des échanges.De la même manière, lorsqu’un conflit intervient au sein de la famille de l’épouxautour des modalités de réalisation <strong>du</strong> lévirat, l’entraide peut se tarir. Prenonsl’exemple de Ramata : âgée de 35 ans environ, elle est née en Côte-d’Ivoire oùelle vivait avec son père et sa mère. À onze ans, elle s’installe à Ouagadougouchez son oncle paternel (le frère aîné de son père), juste après le décès de samère. Devenue a<strong>du</strong>lte, elle rencontre un militaire avec lequel elle part vivre dansla ville de Dédougou et ils ont un premier enfant. Mais son oncle paternel s’opposeà leur mariage, par simple « méchanceté » selon Ramata. Là, une de ses grandestantes et des aînés de sa famille décident d’organiser son mariage avec unhomme qu’elle ne connaît pas encore. Ramata se soumet à cette décision. Lemariage est célébré. Ramata et son mari donnent naissance à des triplés, l’und’eux décède à la naissance, les deux autres sont aujourd’hui âgés de cinq ans.Le mari de Ramata meurt quelques mois après avoir appris son infection, lalaissant seule avec les enfants. Après le décès de son époux, Ramata estcon<strong>du</strong>ite par une tante de son mari à faire le dépistage qui s’avère positif. Centjours après le décès, les frères aînés de son époux la convoquent au village et luidemandent de choisir parmi eux un nouveau mari. Ramata porte son choix sur unpetit frère de son mari qui est gardien à Ouagadougou, le frère aîné de son maris’oppose à la décision de Ramata et veut la prendre pour épouse. Ramata refuse.Depuis, le frère aîné de son mari cherche à récupérer les titres de propriété de lacour dans laquelle Ramata et son mari étaient installés. Dans ce cas, le conflit, liéà la réalisation <strong>du</strong> lévirat comme à la volonté <strong>du</strong> grand frère de son mari derécupérer le terrain par le biais <strong>du</strong> remariage, a <strong>du</strong>rablement isolé Ramata et sesenfants et les a coupés des soutiens de la famille paternelle des enfants.<strong>Les</strong> <strong>femmes</strong> vivant en union libre connaissent des situations qui peuvent êtretrès précaires économiquement et affectivement face à la maladie. Leur vulnérabilitéest étroitement liée au degré d’attachement de leur conjoint vis-à-visd’elles et à l’activité professionnelle qu’elles mènent. Nous avons pu observerque les <strong>femmes</strong> qui vivent en union libre dans une forme conjugale polygyniquesont encore plus vulnérables. En situation de polygamie, lorsque l’époux esttoujours en vie, c’est l’épouse, quelle que soit la forme conjugale qui les unit, àlaquelle il est le plus attaché qui recevra le plus de soutien de sa part. L’épousequi recevra le soutien de la famille de l’époux est celle qui est engagée dans laforme conjugale reconnue par les aînés masculins et féminins de la famille <strong>du</strong>mari et qui aura su se faire accepter et apprécier par sa belle-famille. L’épousequi l’est devenue <strong>du</strong> fait d’un mariage arrangé par les aînés des deux famillesrecevra un soutien réel, tant de ses propres parents que de ceux de son épouxet, plus particulièrement encore, si le mari est considéré comme « celui qui aamené la maladie » dans son foyer.ConclusionNous avons observé des situations paradoxales au regard des conceptionssavantes et populaires sur les solidarités intra-familiales dans ces sociétés, àpropos de deux notions : la dimension unilatérale de l’aide entre les générations213

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