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Les femmes à l'épreuve du VIH - HAL

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134615-PAO- Folio : p81 - Type : pINT 11-01-27 07:56:08L : 179.991 - H : 249.992 - Couleur : BlackTraitement antirétroviral et relations hommes-<strong>femmes</strong> au Camerounconscience que, bien que le traitement ne fasse que stopper l’évolution <strong>du</strong> virus,il permet de rester en bonne santé, alors que les hommes seraient plus« réticents au concept de traitement à vie », chercheraient davantage à être« guéris » et seraient plus « indisciplinés ».<strong>Les</strong> médecins rencontrés évoquent indifféremment les effets secondaires <strong>du</strong> traitementavec leur patient, qu’il soit un homme ou une femme, mais ils décriventunanimement un effet secondaire, la lipo-atrophie, comme spécifique aux<strong>femmes</strong> 10 . <strong>Les</strong> lipo-atrophies sont souvent constatées par le médecin à partir desplaintes des patientes : « Nos médecins ne se rendent pas compte, c’est souventla patiente qui se plaint « ma morphologie devient bizarre. » (Une médecin). Laplupart des médecins estime que les patientes détectent la lipo-atrophie avanteux, sans pour autant considérer qu’elles s’en plaindraient sans motif. Selon l’und’entre eux, certaines <strong>femmes</strong> n’en parleraient à leur médecin que tardivement,quand elles ne peuvent plus s’habiller ou s’asseoir. D’autres la repèrent assezfacilement, parce qu’elles observent leur corps. <strong>Les</strong> médecins n’expliquent pasla différence de fréquence des lipo-atrophies chez les hommes et chez les<strong>femmes</strong> par des données biologiques attestées, mais ils émettent des hypothèses.Ainsi, un médecin dit : « [Mais] la lipo-atrophie, ce n’est que les <strong>femmes</strong> ;les hommes... je ne sais pas, peut-être qu’ils ne se rendent pas compte. Peut-êtreparce que de nature, elles sont grasses et qu’elles ont beaucoup de fesses etde cuisses. » <strong>Les</strong> <strong>femmes</strong> n’interrompent pas leur traitement en cas de lipoatrophie,mais demandent à changer de régime thérapeutique.Selon les soignantes, les motifs de la faible fréquentation de l’hôpital par leshommes seraient économiques et sociaux. Des contraintes les empêchent dese rendre à l’hôpital : quitter le lieu de travail, par exemple, implique de demanderune autorisation à son supérieur et d’apporter un justificatif signé <strong>du</strong> médecin,ce qui met en danger la confidentialité. Leurs obligations professionnelles lescontraignent à ne pas s’absenter trop longtemps de leur service. Or, à l’hôpitalpublic, le temps d’attente pour une consultation est jugé trop long par les patientset les heures d’absence au travail ne sont pas rémunérées, alors que les hommessont souvent les principaux pourvoyeurs de revenus <strong>du</strong> foyer. <strong>Les</strong> hommesauraient davantage de responsabilités que les <strong>femmes</strong> et seraient de ce faitprisonniers de leur « rôle social ».<strong>Les</strong> différences entre hommes et <strong>femmes</strong> dans les déterminants socio-économiquesdes attitudes influeraient également sur les réactions psychologiques.Pour expliquer la faible fréquentation de l’hôpital par les hommes, les soignantsparlent de leur « honte » d’être malade, leur peur de la stigmatisation, leur crainte<strong>du</strong> regard stigmatisant sur le lieu de travail, à l’hôpital, au quartier 11 . Selon lessoignants, « l’homme ne peut pas accepter » d’être malade, de prendre un médicamentou de venir à l’hôpital, parce qu’il a « honte ». Du point de vue dessoignantes, les hommes auraient des attitudes de refus et de déni (de la maladie,<strong>du</strong> soin, de divulguer son statut à sa partenaire), alors qu’« ils savent qu’il y aun problème », et préfèreraient se taire. Ils enverraient leur compagne se fairedépister pour connaître leur statut. Ils auraient plus de difficultés à se fairedépister (peur de la découverte <strong>du</strong> statut, honte d’être vu à l’hôpital, peur de lastigmatisation).10 Dans une étude récente menée au Cameroun, Cournil et coll montrent que la fréquence deslipo-atrophies est similaire chez les hommes et chez les <strong>femmes</strong> [8].11 Le « quartier » est une expression qui désigne le quartier de résidence.49

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