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Les femmes à l'épreuve du VIH - HAL

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134615-PAO- Folio : p68 - Type : pINT 11-01-27 07:56:07L : 179.991 - H : 249.992 - Couleur : Black<strong>Les</strong> <strong>femmes</strong> à l’épreuve <strong>du</strong> <strong>VIH</strong> dans les pays <strong>du</strong> Sudviennent pas parce qu’ils n’ont pas le temps ; ils doivent gagner de l’argent pours’occuper des familles. Entre l’homme et la femme, c’est celui qui a le temps quivient [...] ; donc, c’est forcément la femme qui vient ! » (Entretien de groupe,février 2007). Un chauffeur de 40 ans reprend ainsi ce propos en moore, languedes moose :«fo san yik yibeogo n’dat n’zoe n’tu rik mobil, ti komba rat ecol, fonan mana wana ? Paga balem wate ! » Ce qui signifie à peu de choses près :« Le matin, tu cours pour aller chercher ton véhicule et entamer le travail, tu doistrouver une solution pour que les enfants arrivent à l’école, comment vas-tufaire ? Forcément, ce sont les <strong>femmes</strong> qui vont venir. » La représentation de cepoids des responsabilités des hommes dans les familles est exprimée, mêmepar des jeunes hommes encore célibataires ; c’est notamment le cas de André,30 ans, qui revient sur l’obligation pour les hommes de travailler pour subveniraux besoins de la famille, mais aussi sur l’inadéquation des heures de consultationdans les structures, avec celles de travail.Alexandre, un enseignant de 42 ans, précise comment les horaires des servicesdans les structures peuvent également compliquer la présence des hommes, <strong>du</strong>fait de leurs priorités de chef de famille : « <strong>Les</strong> hommes sont, la plupart, desresponsables de famille. Souvent l’attente n’est pas facile quand tu veux courirde gauche à droite pour le quotidien ». Bernard, 42 ans, bien que sans emploi,met en lumière, non seulement le rôle nourricier de l’homme, mais aussi sacapacité à se sacrifier pour les siens : « <strong>Les</strong> hommes sont plus préoccupés (parle) bien-être de leur famille que par leur santé. Ils sont toujours à la recherched’argent pour subvenir aux besoins de leurs familles ; l’homme arrive à surpassersa maladie. » (2007).Une valorisation exacerbée de la dignité<strong>Les</strong> hommes infectés expriment une angoisse en rapport avec les effets sociauxnégatifs de l’infection. La position dominante justifie qu’ils mobilisent certainesvaleurs, comme la fierté, la dignité, la capacité. Ces valeurs sont ici mobiliséeset associées aux représentations négatives <strong>du</strong> « sida » pour expliquer l’angoissesouvent manifestée par les hommes face à leur infection. Pour Mathieu en effet,« Ce n’est pas une maladie digne... » (41 ans, fonctionnaire, 2004). Il exprimeensuite qu’au-delà de la maladie elle-même, c’est son effet délétère sur sa dignitéd’homme qui lui importe le plus, et « C’est ça qui fait le plus mal. »Selon les hommes enquêtés, le rapport à la dignité constitue une différencenaturelle et fondamentale entre l’homme et la femme. Pour Saïdou, un commerçantde 30 ans, « L’homme, c’est le courage, c’est aussi l’en<strong>du</strong>rance dans lesépreuves. Il ne doit pas perdre sa face comme on dit. Maintenant, si tu es homme,tu as le sida et tu pars dans ces centres de prise en charge, que c’est pour tesoigner, on va dire que tu es peureux, alors qu’un homme doit rester égal àlui-même, même face à la mort. Mais toi tu es allé là-bas, ça veut dire quequelque part, tu n’es plus un homme complet, y a des choses, des valeurs quetu n’as plus !... » (30 ans, activité non précisée, 2007). Dans ce rapport à ladignité, certains hommes craignent de perdre plus que des valeurs. <strong>Les</strong> septhommes présents à un entretien de groupe, en février 2007, déclarent presqueensemble : « Un homme ne peut pas marchander sa dignité comme unefemme. » La valorisation de la dignité est même opposée par certains hommesau fait d’être infecté par le <strong>VIH</strong> ; ils présentent cette infection comme une« défaite » dans leur parcours d’homme.36

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