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supposer, d'illuminer les salles des théâtres et les toiles des cinémas. La noirceur envahit<br />
les rues, abandonnant les Parisiens sans divertissements. Notons ici que l'auteur annonce<br />
clairement ses opinions politiques en parlant des « bouffons » et « Du baron qui règne <strong>à</strong><br />
la mairie », sachant qu'il s'agissait de Jacques Chirac, qui fut le maire de Paris de 1977 <strong>à</strong><br />
1995. Ce court texte ne fait pas le portrait de vies misérables dans l'enceinte parisienne;<br />
en revanche, la perte <strong>du</strong> pan culturel provoque une peine profonde que le narrateur<br />
explique par la mauvaise gestion de quelques politiques qui font mourir Paris.<br />
Deux textes de l'artiste Mano Solo viennent complexifier le sentiment d' urgence et<br />
le désarroi ressenti. Dans « Allô Paris » de 1993, le narrateur se confie <strong>à</strong> la ville avec<br />
laquelle il entretient une longue amitié, autre exemple de personnification qui s'ajoute<br />
aux précédents: « Allô Paris il est si tard / Les doigts collés au combiné / Je relance<br />
encore avec l'espoir / De te parler j 'ai beau savoir / Que ça me fout le cafard / Je peux pas<br />
m'empêcher d'y croire 205 ». Se sentant totalement abandonné par cette personne qu'il<br />
croyait fiable, la confession tourne rapidement aux reproches: « J'aurais voulu que tu me<br />
dises viens / Allô Paris tout est fini / Tu m'as tout pris même l'envie / Tu ne te souviens<br />
plus de rien / Tu oublies un peu plus chaque matin / Ta mémoire coule le long des<br />
trottoirs / En noyant mon désir qérisoire 206 ». Le physique de la ville n'est pas commenté,<br />
toutefois, une critique morale est faite, car le narrateur lui reproche d'oublier le malheur<br />
des gens, et par le fait même, d'oublier son passé. Derrière la solitude de cet homme peut<br />
se cacher un malaise général, un sentiment partagé par un plus grand nombre de gens et<br />
ces paroles en sont le reflet: « Comme chaque soir je te raconte / L'histoire des larmes de<br />
205 Mano Solo, « Allô Paris », 1993.<br />
206 Ibid.<br />
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