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au grand soleil / Les hommes et toi, c'est tout pareil / Y a pas de pitié qui surnage / T'es<br />

vaseuse dans tes tréfonds! \70 ». La Seine est humanisée et donc elle est comme tous les<br />

hommes, insensible aux malheurs des autres. Des adieux signent la rupture entre ces<br />

anciens amis: « Et je m'en vais / Adieu la Seine! / Tu sais, avant que je revienne / De<br />

l'eau coulera sous tes ponts! \7\ ». Ces mots amplifient le sentiment d'abandon et le<br />

ressentiment <strong>du</strong> narrateur. La Seine est de nouveau la source de conflits et la cause de<br />

peines inconsolables. Tenant une position prépondérante dans la mythologie parisienne,<br />

ce fleuve est au cœur des références amoureuses, des expressions de violence ou des<br />

complaintes empreintes de lassitude.<br />

Dans la même tonalité, l' image d' un vaste égout des âmes caractérise le second<br />

texte étudié, « La complainte de la Seine» de Jean Guidoni. Le fleuve intemporel essaie<br />

de faire oublier les maux, les larmes et l'amertume de ceux qui ont versé dans ses remous<br />

tout leur chagrin:<br />

Au fond de la Seine / Il Y a des fleurs, / De vase et de boue / [ ... ] Il Y a des<br />

cœurs / Qui souffrirent trop / Pour vivre la vie / [ .. . ] Les anneaux jetés / Par des<br />

incomprises / [ ... ] Et les fruits maudits / Des ventres stériles / Les blancs<br />

avortés / Que nul n'aima / Et les vomissements / De la grande ville / Au fond de<br />

la Seine / Il Y a cela / Fleuve de déchets / Sans fanal ni havre / Chanteuse<br />

berçant / La morgue et les ponts 172 .<br />

La souffrance se lit dans chacune de ces paroles, donnant une dimension accablante au<br />

texte. Aucun réconfort n'est envisageable de la part <strong>du</strong> fleuve: « Ô Seine clémente / Où<br />

vont les cadavres / Ô lit dont les draps / Sont faits de limon / Fleuve de déchets / Sans<br />

170 Ibid.<br />

17 1 Ibid.<br />

172 Jean Guidoni, « La complainte de la Seine », 1988.<br />

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