Télécharger (5Mb) - Université du Québec à Trois-Rivières
Télécharger (5Mb) - Université du Québec à Trois-Rivières
Télécharger (5Mb) - Université du Québec à Trois-Rivières
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
1) Paris : ville prostituée<br />
C'est ainsi que s'ouvre notre manuel d'histoire de ce parcours chansonnier. Jean<br />
Ferrat et Léo Ferré chantent une ville salie, habitée par une grande population de<br />
malfaiteurs, de prostituées, qui devient elle-même une femme bafouée, vendant son corps<br />
et perdant sa beauté <strong>à</strong> travers cette perversité.<br />
Dans un premier temps, « Regarde-toi Paname 26» de Jean Ferrat représente un<br />
Paris féminisé qui laisse sa beauté se faner au fil <strong>du</strong> temps, qui a per<strong>du</strong> son éclat, mais<br />
croit toujours attirer autant la gente masculine: « Paname tu te crois belle / C'est que tu<br />
n't'es pas regardée / [ ... ] Tu bois tu gambilles tu t'empiffres / Et tu noies dans le son des<br />
fifres / Ta solitude et ton ennui / [ ... ] À force de mordre <strong>du</strong> gâteau / Tu prends <strong>du</strong> ventre <strong>à</strong><br />
Rambuteau / T'es moins jeune et tu te résignes 27 ». Ce sont l<strong>à</strong> les premières traces, dans<br />
notre corpus, d'une féminisation de Paris qUI se voit attribuer des sentiments et des<br />
manières de vivre de certaines femmes. La féminisation de la ville n'est pas un<br />
phénomène récent, car selon Pierre Citron, dès] 832, en littérature, naît l' image de Paris<br />
prostituée, terme qui met l'accent: « [s]ur la versatilité, la frivolité, et une sorte de<br />
vénalité intellectuelle <strong>du</strong> peuple ou de la société de Paris, qui, dans tous les domaines,<br />
politique, mondain, artistique, vend ses applaudissements contre des flatteries et des<br />
amusements 28 ». En chanson, nous remarquons, dès les années 20, que ce procédé existe,<br />
avec, notamment, Mistinguett: « Paris c'est une blonde / Qui plaît <strong>à</strong> tout le monde / Le<br />
26 Paname est le surnom donné <strong>à</strong> Paris.<br />
27 Jean Ferrat, « Regarde-toi Paname », 1960.<br />
28 Pierre Citron, La poésie de Paris dans la Iillérature française de Rousseau <strong>à</strong> Baudelaire, Paris, éd. De<br />
Minuit, 1961 , tome Il , p. II.<br />
18