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— On a sonné ! Comme vous pouvez <strong>le</strong> constater, j’avais vu juste !<br />
Mitzi ouvrit la porte du salon pour introduire <strong>le</strong> colonel Easterbrook et sa femme. El<strong>le</strong> avait<br />
sa façon à el<strong>le</strong> d’annoncer <strong>le</strong>s gens.<br />
— C’est <strong>le</strong> colonel et Mrs Easterbrook qui viennent vous voir, expliqua-t-el<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> ton de la<br />
conversation.<br />
Dissimulant son léger embarras sous une brusquerie voulue, <strong>le</strong> colonel alla vers miss<br />
Blacklock.<br />
— J’espère que vous ne nous en voudrez pas d’être entrés ? Nous passions... La soirée est<br />
douce, n’est-ce pas ?... Tiens, tiens ! vous avez allumé <strong>le</strong> chauffage central ? Nous, pas<br />
encore !<br />
Mrs. Easterbrook s’extasiait devant <strong>le</strong>s chrysanthèmes.<br />
— Ils sont adorab<strong>le</strong>s ! Merveil<strong>le</strong>ux, vraiment !<br />
Mrs. Easterbrook témoigna à l’égard de Phillipa Haymes d’un peu de cordialité<br />
supplémentaire afin de bien lui faire comprendre qu’el<strong>le</strong> ne la tenait nul<strong>le</strong>ment pour une<br />
salariée comme <strong>le</strong>s autres.<br />
— Comment va <strong>le</strong> jardin de Mrs. Lucas ? Croyez-vous qu’il redeviendra présentab<strong>le</strong> ? On l’a<br />
laissé à l’abandon pendant toute la durée de la guerre et, depuis, personne ne s’est occupé<br />
de lui, sauf Ashe, cet horrib<strong>le</strong> vieux bonhomme, qui s’est contenté de balayer <strong>le</strong>s feuil<strong>le</strong>s<br />
mortes et de planter quelques pieds de chou.<br />
— Le traitement lui fait du bien, répondit Phillipa. Mais la guérison demandera du temps.<br />
Mitzi, ouvrant de nouveau la porte, annonçait d’autres visiteurs.<br />
— Ce sont <strong>le</strong>s dames des Boulders.<br />
Miss Hinchliffe avait déjà saisi dans sa forte patte la main de miss Blacklock.<br />
— Bonsoir !... J’ai dit à Amy : « Passons donc à Litt<strong>le</strong> Paddocks ! » Je voulais vous<br />
demander si vos canes étaient en train de couver.<br />
Miss Murgatroyd, très agitée, parlait à Patrick.<br />
— Les soirées deviennent courtes, n’est-ce pas ? Ces chrysanthèmes sont adorab<strong>le</strong>s !<br />
— Ils sont lamentab<strong>le</strong>s, répliqua Julia.<br />
Son frère lui coula un regard lourd de reproches.<br />
— Tu ne pourrais pas être aimab<strong>le</strong>, non ?<br />
— Vous avez allumé <strong>le</strong> chauffage central ? s’étonna miss Hinchliffe.<br />
— La maison est tel<strong>le</strong>ment humide en cette saison !<br />
Tout en parlant, miss Blacklock répondait, d’un signe de tête discret, à l’interrogation<br />
muette de Patrick : il était trop tôt encore pour <strong>le</strong> xérès.<br />
El<strong>le</strong> demandait au colonel Easterbrook s’il avait reçu de Hollande des oignons de tulipes<br />
quand, une fois encore, la porte s’ouvrit. Mrs. Swettenham entra, suivie d’un Edmund qui<br />
fronçait <strong>le</strong> sourcil et semblait assez gêné.<br />
— Nous voici ! lança-t-el<strong>le</strong> gaiement, tout en promenant sur la pièce des yeux brillants de<br />
curiosité. Nous sommes entrés en passant, pour vous demander si, par hasard, vous ne<br />
voudriez pas un chaton. Notre chatte...<br />
Edmund acheva la phrase :<br />
— ... va donner <strong>le</strong> jour à des produits issus d’un horrib<strong>le</strong> matou. Je crains qu’ils ne soient<br />
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