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CHAPITRE XI<br />
MISS MARPLE VIENT PRENDRE LE THÉ<br />
Le jour où, avec Mrs. Harmon, el<strong>le</strong> vint prendre <strong>le</strong> thé chez Letitia Blacklock, miss Marp<strong>le</strong> se<br />
montra charmante, dans <strong>le</strong> genre bavard qui lui était ordinaire.<br />
El<strong>le</strong> avoua qu’el<strong>le</strong> était de ces vieil<strong>le</strong>s gens qui n’oublient jamais qu’il existe des<br />
cambrio<strong>le</strong>urs.<br />
— Aujourd’hui, dit-el<strong>le</strong>, ils entrent partout ! Avec <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s techniques américaines, rien<br />
ne <strong>le</strong>ur est impossib<strong>le</strong>. Malgré ça, je fais toujours confiance au bon vieux système<br />
d’autrefois : <strong>le</strong> judas et la chaîne de sûreté. Vous n’avez jamais essayé ça ?<br />
— Ma foi, non ! répondit miss Blacklock avec bonne humeur. Ici, vous savez, il n’y a pas<br />
grand-chose à vo<strong>le</strong>r !<br />
— Il n’y a rien de mieux que la chaîne, reprit miss Marp<strong>le</strong>. Sans la défaire, on entrebâil<strong>le</strong> la<br />
porte, on voit à qui on a affaire et personne ne peut entrer si on ne <strong>le</strong> veut pas !<br />
— Mitzi adorerait ça, j’en suis persuadée !<br />
— Pendant ce « hold-up », poursuivit la vieil<strong>le</strong> demoisel<strong>le</strong>, vous avez dû avoir terrib<strong>le</strong>ment<br />
peur. Bunch m’a tout raconté.<br />
— Je reconnais, convint miss Blacklock, que ce sont des minutes qui comptent.<br />
— Il faut vraiment que la Providence soit intervenue pour que cet homme ait trébuché si<br />
ma<strong>le</strong>ncontreusement qu’il en est mort. Comment était-il entré ?<br />
— Nous avons, je crois, la mauvaise habitude de ne pas trop nous soucier de savoir si nos<br />
portes sont ou non fermées à c<strong>le</strong>f...<br />
— Au fait, Letty ! s’écria miss Bunner, j’ai oublié de te raconter ce qui s’est passé, ce matin<br />
avec l’inspecteur. Il a absolument tenu à ouvrir la seconde porte. Tu sais, cel<strong>le</strong> qui est<br />
condamnée, cel<strong>le</strong> de là-bas... Il a fallu qu’il trouve la c<strong>le</strong>f et il n’a eu de cesse qu’il n’ait<br />
ouvert la porte. Il prétend que <strong>le</strong>s gonds ont été bien huilés. Ça m’étonne, parce que...<br />
S’apercevant enfin que, depuis un instant, miss Blacklock l’invitait du regard à ne pas<br />
insister, miss Bunner s’interrompit, rouge de confusion :<br />
— Excuse-moi, Letty !... Je n’aurais pas dû... Je suis idiote, décidément !<br />
— Mais non, Bunny. Ça n’a pas d’importance ! Seu<strong>le</strong>ment, je crois que l’inspecteur<br />
Craddock préfère qu’il ne soit pas trop parlé de cette porte. Je ne savais pas que tu étais là,<br />
Dora, quand il s’est occupé d’el<strong>le</strong>...<br />
— Rassurez-vous ! dit Mrs. Harmon. Nous ne souff<strong>le</strong>rons pas un mot de ça ! Mais je me<br />
demande bien pourquoi ? J’y suis ! C’est parce que, si cette porte s’ouvre, quelqu’un pourrait<br />
fort bien être sorti par là dans l’obscurité pour venir tenir tout <strong>le</strong> monde sous la menace de<br />
son revolver !... Seu<strong>le</strong>ment, non, ça ne peut pas être ça... Puisque l’homme était ce garçon<br />
du Royal Spa Hotel... Décidément, je ne comprends pas...<br />
— C’est donc dans cette pièce que l’affaire s’est passée ?<br />
Sa question posée, miss Marp<strong>le</strong> ajouta, en manière d’excuse :<br />
— Vous devez me trouver bien curieuse, miss Blacklock, mais il faut me pardonner ! C’est<br />
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