You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
— Ce qui est assez vrai ! observa miss Marp<strong>le</strong>. C’est d’ail<strong>le</strong>urs un beau jeune homme...<br />
— Qui passe son temps à se moquer des gens et vraisemblab<strong>le</strong>ment à courir <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s !<br />
Combien de fois il m’a b<strong>le</strong>ssée, vous ne l’imaginez pas !<br />
— Ils sont tous comme ça, aujourd’hui !<br />
Miss Bunner, l’air mystérieux, se pencha en avant vers miss Marp<strong>le</strong>.<br />
— Ce que je vais vous dire, ma chère, vous ne <strong>le</strong> répéterez à personne ! Je ne puis<br />
m’empêcher de penser qu’il est pour quelque chose dans cette horrib<strong>le</strong> affaire. Pour moi, il<br />
connaissait ce jeune Suisse... Ou, alors, c’était Julia... J’en ai touché un mot à miss Blacklock<br />
et el<strong>le</strong> m’a dit que j’étais stupide... Évidemment, ce <strong>sera</strong>it très ennuyeux... Tout cela, voyezvous,<br />
est terrib<strong>le</strong>ment compliqué pour moi. Tenez, l’histoire de l’autre porte du salon... Voilà<br />
encore quelque chose qui me tracasse ! Le détective ne cesse de répéter qu’el<strong>le</strong> a été huilée.<br />
Or, moi qui vous par<strong>le</strong>, j’ai vu...<br />
El<strong>le</strong> se tut brusquement. Miss Marp<strong>le</strong> chercha posément la phrase qu’il fallait.<br />
— La situation est pour vous très délicate. Vous ne voudriez pas, et c’est bien naturel, vous<br />
faire l’auxiliaire de la police...<br />
— Exactement ! Et je n’en dors plus !... Parce que, n’est-ce pas ! L’autre jour, au verger, où<br />
j’étais allée pour ramasser des œufs – nous avons une pou<strong>le</strong> qui pond par là – j’ai rencontré<br />
Patrick... et il avait à la main une plume et une tasse qui contenait de l’hui<strong>le</strong>. Quand il m’a<br />
aperçue, il a sursauté, comme quelqu’un qu’on prend en faute et il a dit : « J’étais justement<br />
en train de me demander ce que cette tasse faisait ici. » Naturel<strong>le</strong>ment, je n’ai rien dit...<br />
— Bien entendu !<br />
— Mais, à la façon dont je l’ai regardé, il a dû comprendre que je n’étais pas dupe... <strong>Un</strong>e<br />
autre fois, j’ai surpris par hasard une conversation curieuse entre Julia et lui. Ça ressemblait<br />
assez à une dispute. Il disait : « Si je pensais que tu es mêlé à une affaire de ce genre-là ! »<br />
Et Julia, qui est toujours très calme, répondait : « Et alors, petit frère, qu’est-ce que tu<br />
ferais ? » A ce moment-là, malheureusement, j’ai fait crier une lame de parquet et ils m’ont<br />
vue. Alors, en plaisantant, je <strong>le</strong>ur ai demandé s’ils se disputaient. « Non, m’a répondu Patrick.<br />
Seu<strong>le</strong>ment je tiens à ce que Julia sache bien que je ne veux pas qu’el<strong>le</strong> fasse la moindre<br />
affaire de marché noir. » C’était bien trouvé, mais je suis persuadée qu’il ne s’agissait pas de<br />
ça. Et, si vous vou<strong>le</strong>z mon avis, je suis convaincue aussi qu’il a trafiqué la lampe du salon,<br />
cel<strong>le</strong> qui est sur la tab<strong>le</strong>... Sans doute parce qu’il voulait faire l’obscurité... Car je me souviens<br />
fort bien que c’était la bergère qui était là, et non pas <strong>le</strong> berger. Et <strong>le</strong> <strong>le</strong>ndemain...<br />
Miss Bunner se tut et rougit. Miss Marp<strong>le</strong>, tournant la tête, aperçut miss Blacklock, debout<br />
derrière el<strong>le</strong>. Il était probab<strong>le</strong> qu’el<strong>le</strong> venait tout juste d’arriver.<br />
— Alors, Bunny, dit miss Blacklock, un léger accent de reproche dans la voix, tu potines un<br />
peu en prenant <strong>le</strong> café ?... Bonjour, miss Marp<strong>le</strong>. Il fait frisquet, n’est-ce pas ?<br />
Mais Bunny se justifiait.<br />
— Nous bavardions et je disais qu’il y avait vraiment aujourd’hui trop de règ<strong>le</strong>ments. On n’y<br />
comprend plus rien !<br />
La porte s’ouvrit brusquement, livrant passage à Bunch Harmon.<br />
— Bonjour ! Reste-t-il une tasse de café pour moi ?<br />
— Mais bien sûr ! répondit miss Marp<strong>le</strong>. Asseyez-vous !<br />
— Nous, dit miss Blacklock, il faut que nous rentrions. Tes courses sont terminées, Bunny ?<br />
La voix était aimab<strong>le</strong>, mais il y avait encore dans <strong>le</strong> regard comme un léger reproche.<br />
— Je n’ai plus qu’à entrer en passant chez <strong>le</strong> pharmacien, pour lui acheter des comprimés