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puis cel<strong>le</strong> de la sal<strong>le</strong> à manger. En face, il y a cette fausse porte que vous cherchiez<br />
vainement à ouvrir, la porte du salon, cel<strong>le</strong> du placard à vaissel<strong>le</strong>, cel<strong>le</strong> de la petite pièce que<br />
nous appelons « la chambre aux f<strong>le</strong>urs », puis, tout au bout, la porte qui donne sur <strong>le</strong> jardin.<br />
On confond souvent <strong>le</strong>s deux dernières. C’est d’ail<strong>le</strong>urs pour cela que nous avions bloqué<br />
cel<strong>le</strong> du petit salon par la tab<strong>le</strong> du vestibu<strong>le</strong>. Mais, il y a quelque temps, cette tab<strong>le</strong>, nous<br />
l’avons transportée contre <strong>le</strong> mur d’en face, où el<strong>le</strong> est actuel<strong>le</strong>ment.<br />
<strong>Un</strong>e pensée, confuse encore, vint à l’esprit du policier.<br />
— Il y a longtemps de ça ?<br />
Avec Dora Bunner, on pouvait interroger sans avoir jamais à justifier <strong>le</strong>s questions qu’on<br />
posait.<br />
— Non, pas très... Il y a une dizaine de jours... <strong>Un</strong>e quinzaine, au maximum...<br />
— Et pourquoi avez-vous changé cette tab<strong>le</strong> de place ?<br />
— Je crois que c’est à cause des f<strong>le</strong>urs. Il me semb<strong>le</strong> que Phillipa en avait mis dans un<br />
grand vase. Il y avait toutes <strong>le</strong>s f<strong>le</strong>urs de l’automne, avec des branches... Tout ça<br />
merveil<strong>le</strong>usement arrangé, car el<strong>le</strong> a beaucoup de goût. Seu<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong> bouquet était si gros<br />
qu’on se prenait <strong>le</strong>s cheveux dedans en passant.<br />
Craddock regardait la porte.<br />
— Alors, ce n’est pas une fausse porte ?<br />
— Non, non ! C’est une vraie porte. El<strong>le</strong> conduisait au petit salon, mais, quand on a réuni<br />
<strong>le</strong>s deux pièces en une seu<strong>le</strong>, on a jugé qu’el<strong>le</strong> était inuti<strong>le</strong> et on l’a condamnée.<br />
— En la clouant ?<br />
— Non. On l’a simp<strong>le</strong>ment fermée à c<strong>le</strong>f et on a mis <strong>le</strong> verrou.<br />
Craddock fit jouer <strong>le</strong> verrou qui se trouvait sur <strong>le</strong> panneau supérieur. Il fonctionnait sans<br />
difficulté. <strong>Un</strong> peu trop aisément, même.<br />
— Cette porte, quand l’a-t-on ouverte pour la dernière fois ?<br />
— Oh ! il y a bien des années, probab<strong>le</strong>ment. Depuis que je suis ici, je ne l’ai jamais vue<br />
ouverte.<br />
— Savez-vous où est la c<strong>le</strong>f ?<br />
— Ma foi, non ! Il y a un tas de c<strong>le</strong>fs dans <strong>le</strong> petit meub<strong>le</strong> que vous voyez là, el<strong>le</strong> doit être<br />
dedans.<br />
El<strong>le</strong> y était en effet. Craddock la trouva, tout au fond d’un tiroir. Parmi tout un assortiment<br />
de vieil<strong>le</strong>s c<strong>le</strong>fs rouillées. Il la glissa dans la serrure et ouvrit la porte, qui tourna sur ses<br />
gonds sans <strong>le</strong> moindre bruit.<br />
— Attention ! s’écria miss Bunner. Il y a peut-être quelque chose de l’autre côté ! car nous<br />
ne l’ouvrons jamais.<br />
— Vraiment ?<br />
D’un ton légèrement emphatique, il ajouta :<br />
— Cette porte a été ouverte tout récemment, miss Bunner. La serrure a été huilée, et <strong>le</strong>s<br />
gonds aussi.<br />
El<strong>le</strong> <strong>le</strong> regarda, absolument stupéfaite.<br />
— Mais qui aurait pu faire ça ?<br />
— C’est justement ce que je me propose de découvrir, répondit <strong>le</strong> policier.