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CHAPITRE X<br />
PIP ET EMMA<br />
Miss Blacklock, cette fois, l’écouta avec plus d’attention. Intelligente, el<strong>le</strong> avait tout de<br />
suite compris ce que la découverte pouvait avoir d’important.<br />
— Oui, reconnut-el<strong>le</strong>, ça change tout ! Cette porte, personne n’avait à y toucher et<br />
personne, que je sache, n’y a touché !<br />
L’inspecteur insista.<br />
— On y a touché pourtant et cela signifie que, lorsque la lumière s’est éteinte, l’autre soir,<br />
toutes <strong>le</strong>s personnes qui se trouvaient dans cette pièce avaient la possibilité de se glisser<br />
hors du salon pour al<strong>le</strong>r se placer derrière Rudi Scherz et tirer sur vous.<br />
— Sans être ni vues ni entendues ?<br />
— Sans être ni vues ni entendues.<br />
— Et vous croyez qu’une des personnes qui étaient là a essayé de m’assassiner ? Mais<br />
pourquoi ? Pour l’amour de Dieu, dites-moi pourquoi !<br />
— J’ai <strong>le</strong> sentiment, miss Blacklock, que vous devriez pouvoir répondre à cette question.<br />
— Mais j’en suis incapab<strong>le</strong>, inspecteur je vous <strong>le</strong> certifie.<br />
— Alors, raisonnons ! Si vous, veniez à mourir, qui hériterait de vous ?<br />
— Patrick et Julia. Le mobilier qui est dans la maison ira à Bunny, à qui j’ai légué en outre<br />
une petite rente. Je n’ai à disposer que de bien peu de chose. J’avais des va<strong>le</strong>urs al<strong>le</strong>mandes<br />
et italiennes, el<strong>le</strong>s sont tombées à zéro, et, avec <strong>le</strong>s impôts et la baisse de l’intérêt, je puis<br />
vous garantir que je ne vaux pas la peine d’être assassinée. J’ai d’ail<strong>le</strong>urs placé, l’année<br />
dernière, une bonne part de mon argent en viager.<br />
— Malgré ça, miss Blacklock, vous avez un certain revenu et c’est à votre neveu et à votre<br />
nièce qu’il irait ?<br />
— D’où il suit que Patrick et Julia auraient décidé de me supprimer ? Je ne peux pas croire<br />
ça. Ils n’ont pas tel<strong>le</strong>ment besoin d’argent !<br />
— En êtes-vous bien sûre ?<br />
— Je ne sais pas ce qu’ils m’ont dit, mais je me refuse catégoriquement à <strong>le</strong>s soupçonner.<br />
Il n’est pas prouvé que je ne vaudrai pas un jour d’être assassinée, mais nous n’en sommes<br />
pas encore là !<br />
— Je ne vous suis pas, miss Blacklock. Que vou<strong>le</strong>z-vous dire ?<br />
— Simp<strong>le</strong>ment qu’un jour, et peut-être bientôt, je <strong>sera</strong>i fort riche.<br />
— Voilà qui est intéressant ! Vou<strong>le</strong>z-vous préciser ?<br />
— Volontiers. Pendant plus de vingt ans, j’ai été la secrétaire, et un peu l’associée, de<br />
Randall Gœd<strong>le</strong>r.<br />
Craddock dressa l’oreil<strong>le</strong>. Randall Gœd<strong>le</strong>r avait été quelqu’un dans <strong>le</strong> monde de la finance.<br />
Si <strong>le</strong>s souvenirs de Craddock ne <strong>le</strong> trompaient pas, il avait dû disparaître en 1937 ou 1938.<br />
— Il mourut immensément riche. Il n’avait pas d’enfant. Il laissa donc à sa femme l’usufruit<br />
de sa fortune, cel<strong>le</strong>-ci devant me revenir en totalité lorsque sa femme mourrait. Il y a de cela<br />
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