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— C’est quand sa sœur l’a épousé que Randall Gœd<strong>le</strong>r l’a rayée de son testament ?<br />
— Sonia avait de l’argent. Je pense que, lorsque <strong>le</strong>s hommes d’affaires de Randall <strong>le</strong><br />
pressèrent de désigner des héritiers pour <strong>le</strong> cas où je viendrais à mourir avant Bel<strong>le</strong>, il se<br />
décida, vraisemblab<strong>le</strong>ment à contrecœur, en faveur des enfants de Sonia, uniquement parce<br />
qu’il ne trouvait personne d’autre et qu’il n’était pas homme à laisser son argent à des<br />
œuvres de bienfaisance.<br />
— Et ces enfants s’appelaient... ?<br />
— Pip et Emma. Je vous accorde que ce sont des noms ridicu<strong>le</strong>s, mais je n’en sais pas plus.<br />
<strong>Un</strong> jour Sonia a écrit à Bel<strong>le</strong> pour la prier de dire à Randall qu’el<strong>le</strong> venait de donner <strong>le</strong> jour à<br />
deux jumeaux, qui s’appelaient Pip et Emma. Je ne crois pas qu’el<strong>le</strong> ait donné de ses<br />
nouvel<strong>le</strong>s depuis, mais peut-être Bel<strong>le</strong> pourrait- el<strong>le</strong> vous en dire plus...<br />
Ces souvenirs avaient amusé miss Blacklock. Craddock, lui, n’avait pas envie de sourire.<br />
— Conclusion, dit-il, si vous aviez été tuée l’autre soir, il y a au moins sur terre deux<br />
personnes qui <strong>sera</strong>ient devenues fort riches. Vous vous trompez donc, miss Blacklock, lorsque<br />
vous dites qu’il n’est personne qui ait la moindre raison de souhaiter votre mort. Pip et<br />
Emma, puisque tels sont <strong>le</strong>urs noms, quel âge auraient-ils ?<br />
Miss Blacklock fronça <strong>le</strong> front.<br />
— Laissez-moi réfléchir... Ils doivent avoir vingt-cinq ou vingt-six ans. Mais vous n’al<strong>le</strong>z tout<br />
de même pas supposer...<br />
Craddock ne la laissa pas achever.<br />
— Je ne suppose rien. J’affirme seu<strong>le</strong>ment que quelqu’un a tiré sur vous, avec la ferme<br />
intention de vous tuer. Ce quelqu’un n’a pas réussi, mais il se peut très bien qu’il ne veuil<strong>le</strong><br />
pas rester sur cet échec et je vous demanderai, miss Blacklock, d’être prudente, très<br />
prudente. L’assassin « remettrait ça » avant peu que je n’en <strong>sera</strong>is nul<strong>le</strong>ment surpris...<br />
Phillipa Haymes, qui nettoyait une plate-bande, se re<strong>le</strong>va, chassa de la main une mèche<br />
qui tombait sur son front moite et s’enquit :<br />
— De quoi s’agit-il, inspecteur ?<br />
Le ton était celui de la conversation la plus bana<strong>le</strong>.<br />
— Il s’agit simp<strong>le</strong>ment, de quelque chose qui m’a été dit ce matin et qui vous concerne.<br />
<strong>Un</strong> haussement des sourcils, presque imperceptib<strong>le</strong>, laissa deviner la surprise de la jeune<br />
femme.<br />
— Vous m’avez bien dit, poursuivit Craddock, que vous ne connaissiez pas Rudi Scherz ?<br />
— Oui.<br />
— Qu’il était mort lorsque vous l’avez vu pour la première fois ?<br />
— Certainement.<br />
— Vous n’auriez pas eu une conversation avec lui à Litt<strong>le</strong> Paddocks, dans <strong>le</strong> pavillon ?<br />
— Dans <strong>le</strong> pavillon ?<br />
— Dans <strong>le</strong> pavillon.<br />
— Qui est-ce qui ose prétendre ça ?<br />
— On m’assure que vous eûtes un entretien avec Rudi Scherz, qu’il vous demanda où il<br />
pourrait se cacher et que vous avez répondu que vous <strong>le</strong> lui montreriez, et que vous avez, au<br />
cours de la conversation, précisé une heure : six heures un quart. J’ajoute que, <strong>le</strong> soir du<br />
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