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Entendant du bruit au rez-de-chaussée, il courut vivement à l’escalier et se pencha sur la<br />
rampe. Mrs. Swettenham, un panier au bras, traversait <strong>le</strong> vestibu<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> jeta un coup d’œil<br />
dans <strong>le</strong> salon, puis gagna la sal<strong>le</strong> à manger, d’où el<strong>le</strong> ressortit presque aussitôt, débarrassée<br />
de son panier. <strong>Un</strong> léger mouvement de F<strong>le</strong>tcher ayant fait crier une lame de parquet, Mrs.<br />
Swettenham <strong>le</strong>va la tête. El<strong>le</strong> appela :<br />
— C’est vous, miss Blacklock ?<br />
— Non, répondit F<strong>le</strong>tcher. C’est moi !<br />
Mrs. Swettenham poussa un petit cri.<br />
— Vous m’avez fait peur ! J’ai cru que c’était encore un cambrio<strong>le</strong>ur.<br />
F<strong>le</strong>tcher descendait <strong>le</strong>s marches.<br />
— Il est vrai que la maison n’a pas l’air d’être très protégée contre <strong>le</strong>s vo<strong>le</strong>urs. En somme,<br />
on entre ici comme dans un moulin !<br />
— J’apportais quelques coings à miss Blacklock. El<strong>le</strong> veut faire de la gelée. J’ai posé <strong>le</strong><br />
panier sur la tab<strong>le</strong> de la sal<strong>le</strong> à manger... Vous vous demandez comment je suis entrée ? Par<br />
la petite porte, tout simp<strong>le</strong>ment. Ici, vous savez, on est tout <strong>le</strong> temps <strong>le</strong>s uns chez <strong>le</strong>s autres<br />
et on ne ferme jamais à c<strong>le</strong>f avant la nuit. Toutes <strong>le</strong>s maisons sont ouvertes.<br />
El<strong>le</strong> s’éloignait vers la porte. S’arrêtant, el<strong>le</strong> ajouta :<br />
— Je m’en vais, car je suppose que vous avez beaucoup à faire. Il n’arrivera plus rien,<br />
n’est-ce pas ?<br />
— Pourquoi arriverait-il quelque chose ?<br />
— Je ne vous demandais ça, sergent, que parce que je vous vois ici. Vous voudrez bien dire<br />
à miss Blacklock que je lui ai apporté des coings ?<br />
Mrs. Swettenham partie, F<strong>le</strong>tcher était un peu comme un boxeur qui vient de recevoir un<br />
coup sévère autant qu’inattendu. Il s’avisait que c’était bien à tort qu’il avait supposé que<br />
c’était nécessairement quelqu’un de la maison qui avait huilé la porte.<br />
— Murgatroyd !<br />
— Hinch ?<br />
— J’ai réfléchi... Sais-tu que cette affaire de l’autre soir finit par me paraître assez drô<strong>le</strong> ?<br />
— Drô<strong>le</strong> ?<br />
— Oui. Remets tes cheveux en place, Amy, et prends cette truel<strong>le</strong>, comme si c’était un<br />
revolver ! Maintenant viens, à la porte de la cuisine. Tu joues <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> du vo<strong>le</strong>ur. Reste où tu<br />
es ! Tu vas entrer dans la cuisine pour exécuter un « hold-up ». Prends cette torche et<br />
allume-la !<br />
Miss Murgatroyd obéit, assez gauchement, et il lui fallut, pour mener l’opération à bien,<br />
mettre la truel<strong>le</strong> sous son bras.<br />
— Bon ! Maintenant, en route ! Ton texte, c’est : « Les mains en l’air ! » Et ne gâche pas<br />
tout en ajoutant « s’il vous plaît » !<br />
Résignée, miss Murgatroyd, brandissant la torche d’une main et la truel<strong>le</strong> de l’autre, alla à<br />
la porte. Là, transférant pour un instant la torche dans sa main droite, de la gauche el<strong>le</strong><br />
tourna <strong>le</strong> bouton. Puis, el<strong>le</strong> se porta en avant.<br />
— Les mains en l’air !<br />
<strong>Un</strong> peu vexée, el<strong>le</strong> ajouta tout aussitôt :<br />
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