Compte rendu des travaux - Féderation - La cgt
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Certains dirigeants libéraux ont voulu<br />
accentuer les dégâts sociaux causés<br />
par la crise fi nancière. Des grands<br />
patrons du CAC 40 ont affi ché publiquement<br />
leur volonté de casser de<br />
nouveaux acquis sociaux au nom de<br />
la compétitivité <strong>des</strong> entreprises. C’est<br />
sans doute cette situation de crise<br />
grave qui a motivé le gouvernement<br />
à se saisir de la situation pour passer<br />
rapidement et en force sa réforme<br />
<strong>des</strong> retraites. Celui-ci a profi té aussi<br />
<strong>des</strong> multiples exemples en Europe,<br />
je pense à la Grèce, à l’Irlande ou à<br />
l’Islande, au Portugal ou à l’Espagne<br />
voire à l’Angleterre, où les états sont<br />
sous la pression <strong>des</strong> agences de notations<br />
fi nancières privées et du FMI<br />
pour imposer <strong>des</strong> réductions d’emplois,<br />
<strong>des</strong> gels ou <strong>des</strong> baisses de salaires,<br />
la retraite à 67 ans etc.<br />
Tout cela au nom de la réduction de<br />
l’endettement et de la dette publique.<br />
Cette idée qu’on ne peut pas faire autrement<br />
et que tous les pays font la<br />
même chose, a fortement marqué les<br />
esprits <strong>des</strong> salariés. Nous nous félicitons,<br />
de ce point de vue, <strong>des</strong> mobilisations<br />
initiées dans de nombreux pays<br />
européens pour refuser ces diktats<br />
imposés au peuple.<br />
Cette culture de la résignation a été<br />
fortement entretenue par certains en<br />
France.<br />
Nous avons connu <strong>des</strong> luttes défensives<br />
marquées par une détresse<br />
et une désespérance <strong>des</strong> salariés<br />
concernés, confrontés à un manque<br />
évident de perspectives. Qu’on ne<br />
nous fasse pas de mauvais procès,<br />
nous n’avons jamais opposé les<br />
luttes entre elles, tous ont lutté pour<br />
la préservation de leur outil de travail<br />
avec <strong>des</strong> issues parfois différentes. A<br />
chaque fois, nous avons été au côté<br />
<strong>des</strong> militants et <strong>des</strong> syndiqués. Mais<br />
à chaque fois, nous avons tenté de<br />
pousser au maximum les propositions<br />
alternatives afi n de préserver les emplois.<br />
C’est pourquoi, nous n’avons pas<br />
ménagé nos efforts d’explications, de<br />
propositions à travers deux tracts nationaux<br />
et plusieurs brochures sur les<br />
salaires, les négociations obligatoires,<br />
l’industrie, la fi lière automobile ou,<br />
encore récemment, les conditions de<br />
travail et la pénibilité.<br />
C’est cette démarche offensive qui a<br />
fait, nous semble-t-il, que cette combativité<br />
<strong>des</strong> salariés s’est poursuivie<br />
au-delà du confl it <strong>des</strong> retraites avec<br />
une crainte affi chée parfois publiquement<br />
par les dirigeants patronaux.<br />
Nous devons poursuivre et amplifi er<br />
notre bataille sur l’avenir de l’industrie<br />
dans notre pays et en Europe. Force<br />
est de constater que nous avons marqué<br />
<strong>des</strong> points dans ce domaine. Nous<br />
avons dès le mois de Juin 2009, dans<br />
un cadre confédéral, réuni plus de 800<br />
militants à Montreuil pour parler avenir<br />
industriel et faire état de batailles<br />
symboliques pour la préservation de<br />
l’outil de travail. Cette initiative nous a<br />
conduits à proposer et réussir la manifestation<br />
nationale du 22 octobre 2009<br />
à Paris autour de l’industrie et de son<br />
avenir. Réunir 30 000 manifestants<br />
CGT sur cette question, n’était pas<br />
une mince affaire. Nous avons réussi<br />
ce défi grâce à la présence et l’engagement<br />
de très nombreux camara<strong>des</strong><br />
de la métallurgie.<br />
Remettre l’industrie au cœur du débat<br />
économique et politique de ce pays,<br />
voilà ce que nous avons tout à fait mo<strong>des</strong>tement<br />
réussi à faire.<br />
Oui, nous nous réjouissons <strong>des</strong> luttes<br />
gagnantes sur l’emploi industriel<br />
comme celles de la réparation navale<br />
marseillaise, de la SBFM à Lorient, de<br />
Métaltemple Aquitaine à Fumel, de<br />
Jabil à Brest, d’Altia à <strong>La</strong> Souterraine,<br />
de Deshors à Brive.<br />
Et nous n’en citons que quelques<br />
unes. Tous ces noms résonnent<br />
comme autant d’entreprises et d’emplois<br />
maintenus voire développés,<br />
autant de militants et de salariés qui<br />
ont démontré que la lutte paie. Vous<br />
avez le droit de m’interpeler dans vos<br />
interventions pour avoir oublié de citer<br />
votre boite. Même <strong>des</strong> batailles plus<br />
longues et plus diffi ciles où malheureusement<br />
nous n’avons pas obtenu<br />
le maintien de tous les emplois et de<br />
toute l’activité, ont contribué à mettre<br />
en avant le rôle structurant de l’activité<br />
industrielle pour une ville et pour<br />
une région. Ces batailles ont aussi<br />
mis en évidence ce que sont <strong>des</strong><br />
patrons voyous refusant d’appliquer<br />
la législation sociale malgré diverses<br />
condamnations. Un patronat qui a toujours<br />
le soutien sans faille et complice<br />
d’un pouvoir politique, qui a choisi son<br />
camp en dépit de ses postures offensées.<br />
Permettez-moi de saluer chaleureusement<br />
la lutte exemplaire de nos camara<strong>des</strong><br />
de Molex à Villemur-sur-Tarn<br />
ou encore celle <strong>des</strong> Richard Ducros à<br />
Ales, Ford à Bordeaux, Schneider<br />
Electric à Angoulême et Alstom à Belfort<br />
toujours en bagarre aujourd’hui<br />
pour la sauvegarde de leur entreprise<br />
et de ses emplois.<br />
Ces luttes méritent à coup sûr d’être<br />
plus popularisées dans notre corps<br />
militant et vis-à-vis <strong>des</strong> salariés. Nous<br />
avons travaillé sur plusieurs points<br />
afi n de vaincre toute résignation.<br />
Expliquer pour mieux convaincre<br />
et plus mobilisés, tel est notre défi .<br />
Comme nous l’avions fait en 2008,<br />
nous avons tenu à vous fournir à l’occasion<br />
du congrès, un document sur<br />
l’industrie dans notre pays. L’emploi<br />
industriel continue à diminuer dans<br />
notre pays. L’industrie a perdu près de<br />
40 % de ces emplois, ces trente dernières<br />
années et cette chute est plus<br />
importante dans notre profession.<br />
Dans la métallurgie, cela correspond<br />
à une perte de 490 000 emplois depuis<br />
l’an 2000. Ces pertes sont dues<br />
essentiellement aux délocalisations,<br />
à l’externalisation d’emplois comme<br />
l’informatique, l’entretien etc. vers<br />
les services, et bien sûr le développement<br />
de la précarité et de l’emploi<br />
intérimaire. Ces derniers représentent<br />
environ 25% <strong>des</strong> emplois considérés<br />
comme supprimés et ont d’abord pour<br />
objectif de casser <strong>des</strong> statuts et acquis<br />
sociaux.<br />
Les entreprises d’intérim sont directement<br />
implantées à l’intérieur <strong>des</strong> sites<br />
de fabrication comme c’est le cas à<br />
Valeo Etaples où 700 intérimaires côtoient<br />
chaque jour, les 1 600 salariés<br />
en CDI. Le discours qui consiste à<br />
assimiler le manque de compétitivité<br />
<strong>des</strong> entreprises françaises à un coût<br />
du travail trop important est faux, c’est<br />
d’abord la logique du tout fi nancier qui<br />
pose problème.<br />
Cette logique vient s’opposer à une<br />
démarche à long terme basée sur la<br />
recherche et le développement, l’innovation<br />
tant technologique que sociale.<br />
Et les moyens fi nanciers ne manquent<br />
pas. Les groupes industriels ont ainsi<br />
enregistrés <strong>des</strong> superprofi ts l’année<br />
dernière à hauteur de 84 milliards<br />
d’euros de bénéfi ces annoncés. Pour<br />
autant, 53 % de ce montant global<br />
soit 43 milliards seront reversés aux<br />
actionnaires. Les résultats de ces<br />
groupes sont issus de choix de délocalisation<br />
de leurs capitaux et de l’activité<br />
à l’étranger. <strong>La</strong> France détient<br />
le record mondial <strong>des</strong> délocalisations<br />
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