Compte rendu des travaux - Féderation - La cgt

Allocution d’accueil
Daniel HENRIET
Syndicat Remafer Reims (51),
secrétaire général de l’USTM du département de la Marne
Il me revient de vous accueillir au
39 ème congrès de la Fédération des
travailleurs de la métallurgie CGT. Au
nom des syndicats et syndiqués CGT
de la région Champagne-Ardenne,
permettez-moi de vous souhaiter la
bienvenue à Reims, cité des sacres.
J’espère que ce séjour dans la capitale
du champagne vous permettra de
travailler dans de bonnes conditions
et d’apprécier les atouts de notre ville.
La ville de Reims est connue pour sa
cathédrale, dont ont fête en ce moment
le 800 ème anniversaire, et pour
son champagne. Prononcer le mot
«champagne», c’est évoquer un breuvage
divin. Quel destin pour ce vin qui,
au départ, n’avait rien d’exceptionnel,
que le travail des hommes a rendu tel
et dont la renommée mondiale est synonyme
de fête et d’événements heureux.
Il n’en a pas toujours été ainsi.
Rappelons-nous : il y a tout juste un
siècle, en avril 1911, la misère des vignerons
champenois avait provoqué
l’une des plus fortes révoltes que le
vignoble français ait connu, avec six
mois de lutte réprimée par l’armée qui
occupa les villages les vignes.
La ville de Reims est également liée
à de grandes pages de l’histoire de
France. Troisième ville de l’empire
romain après Rome et Lyon, sous le
nom de Durocortorum, Reims, avec
le baptême chrétien de Clovis en 496,
acte à la fois l’effondrement défi nitif de
cet empire et la naissance d’un nouvel
Etat : la France. C’est en 816 que le
fi ls de Charlemagne vint chercher
sa légitimité en se faisant sacrer à
Reims. Depuis lors et jusqu’en 1825,
avec Charles X, presque tous les rois
fi rent de même en venant se faire sacrer
à Reims aux frais des Rémois.
C’est cette légitimité que Jeanne
d’Arc, en pleine guerre de cent ans,
dans un pays presque entièrement
occupé, vint chercher en faisant sacrer
Charles VII roi de France.
Ville-étape des grandes foires de
Champagne, Reims était depuis la
plus haute antiquité une ville de production
de draperies réputées dans
toute l’Europe. Les grandes manufactures
rémoises de drap étaient telle-
ment puissantes aux XVI ème et XVII ème
siècles que le fi ls du propriétaire de
l’une d’entre elles, Colbert, devint
le célèbre ministre des fi nances de
Louis XIV.
Le département de la Marne connut
les grands tournants de la révolution
française, avec l’arrestation du roi
Louis XVI à Varennes, en Argonne,
après avoir été reconnu par le maître
de poste Jean-Baptiste Drouet à
Sainte-Menehould le 25 juin 1791,
puis, un an plus tard, le 20 septembre
1792, la victoire de Valmy, qui marqua
la fi n de la royauté et la proclamation
de la Convention nationale – ce fut la
Première République. C’est dans le
contexte de cette victoire que fut élu le
premier député ouvrier à l’Assemblée
nationale, Jean-Baptiste Armonville,
ouvrier sergier d’une manufacture de
textile. Proche de Marat, il fut l’un des
diffuseurs des idées de Babeuf, ce
qui lui valut d’être proscrit deux fois et
contraint à l’exil.
Les ouvriers du textile qui, au XIX ème
siècle, représentaient plus de la moitié
de la population rémoise, furent
un des ferments de l’action révolutionnaire
de l’époque. En 1848, avec
l’arrivée des métiers à tisser Jacquard
et la mise au chômage de plus de six
mille ouvriers, la révolution de février
1848 fut l’une des plus violentes de
France, avec l’incendie d’usines et
la destruction de métiers à tisser.
C’est dans ce bouillonnement révolutionnaire
que Reims connut ses
premières organisations syndicales
ouvrières, par branche et interprofessionnelles,
à travers des associations
de travailleurs et leurs premières expériences
de structures autogérées
par les ouvriers (épiceries, banques,
mutuelles, cours de formation professionnelle).
L’impact dans la population
fut considérable au point qu’après le
coup d’Etat de Louis-Napoléon Bonaparte,
le 2 décembre1851, la répression
fut d’une très grande brutalité,
décimant toutes les organisations et
structures ouvrières de l’époque et
déportant tous leurs responsables en
Algérie où ils périrent quelques années
plus tard.
Mais avec le déclin de la laine et de
l’industrie textile à partir des années
1880, Reims, qui comptait depuis
le milieu du XIX ème siècle plusieurs
grands ateliers de construction pour
les machines de fi lature, ne résista
pas à la concurrence des métiers à
tisser venus d’Allemagne, d’Alsace et
d’Angleterre. Seul résista l’importante
fonderie Roche-Froment, couplée à
un atelier de construction spécialisée
dans les transmissions de mouvements
mécaniques et les pièces nécessaires
à la réparation du matériel
des usines, la fabrique des machines
pour l’apprêt des tissus, une fabrique
de ponts à bascule et d’appareils de
pesage, ainsi que la société des établissements
Bauche qui deviendra en
1967, après sa fusion avec l’entreprise
parisienne Fichet, Fichet-Bauche.
C’est à cette époque qu’a lieu la mutation
industrielle avec l’arrivée de
nouvelles industries qui s’implantent
dans les grands ateliers libérés par
l’activité de tissage, laissant la place
à l’industrie automobile naissante.
Ainsi, Panhard & Levassor et Brasier
vinrent s’installer à Reims à la fi n des
années 1890 pour y fabriquer des
pièces détachées et des châssis de
voiture qui seront montés dans leurs
ateliers parisiens. Après la fusion de
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