Cahier du lipsor (pays basque 2010).indd - La prospective
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« Les débats dans les groupes de travail permettaient d’objectiver, de sortir <strong>du</strong> discours<br />
politique manichéen. Ils permettaient la pro<strong>du</strong>ction d’un point de vue partagé. Le territoire<br />
en avait besoin.<br />
<strong>La</strong> question était de sortir le Pays <strong>basque</strong> de sa revendication identitaire, de l’amener sur une<br />
logique de développement. L’opération a réussi : aujourd’hui, une partie des abertzale ont<br />
basculé et s’intéressent au développement de leur région » 114 .<br />
« Pays <strong>basque</strong> <strong>2010</strong> a été une révolution tranquille : les abertzale ont été intégrés au débat<br />
public, les « grands élus » s’intéressent plus au Pays <strong>basque</strong> qu’à l’époque, et la double<br />
identité, <strong>basque</strong> et française, est collectivement mieux assumée. <strong>La</strong> réussite, le principal<br />
acquis, c’est un territoire pacifié, sans violence politique, où l’on a expérimenté des modes de<br />
construction collective. <strong>La</strong> situation serait tout à fait différente s’il n’y avait pas eu cet<br />
électrochoc. Pays <strong>basque</strong> <strong>2010</strong> a eu deux effets : chez les représentants des opinions<br />
politiques dominantes 115 , on trouve dans chaque parti des leaders qui ont intégré les<br />
préoccupations culturelles et linguistiques, et qui sont capables de militer à la fois pour la<br />
République et pour la culture et la langue <strong>basque</strong>s, et les abertzale se sont impliqués dans<br />
l’action et la gestion publiques. Tout le monde se connaît mieux, et les préjugés sont moins<br />
forts. Enfin, avant Pays <strong>basque</strong> <strong>2010</strong>, le Pays <strong>basque</strong> n’existait pas en tant que territoire. <strong>La</strong><br />
démarche a construit la territorialité. 116<br />
Nous terminerons ce florilège par une appréciation plus personnelle que politique <strong>du</strong><br />
Président <strong>La</strong>sserre, que beaucoup d’acteurs de Pays <strong>basque</strong> <strong>2010</strong> m’ont exprimée dans des<br />
termes identiques ou très proches :<br />
« Pays <strong>basque</strong> <strong>2010</strong>, c’est une des expériences les plus passionnantes auxquelles j’aie jamais<br />
participé » 117<br />
C’est sur ce rapide bilan que nous conclurons la présentation de la démarche Pays <strong>basque</strong><br />
<strong>2010</strong>. Par son ampleur, par la possibilité offerte au chercheur d’étudier avec les acteurs un<br />
parcours de douze années pendant lesquelles la référence à l’exercice de <strong>prospective</strong> a été<br />
constante, c’est un cas d’une richesse exceptionnelle.<br />
Nous allons tenter d’en tirer quelques enseignements dont nous espérons qu’ils pourront être<br />
utiles aux prospectivistes.<br />
114 Jacqueline Elichondoborde, entretien avec l’auteur, le 12 février 2004.<br />
115 Autrement dit, les grands partis nationaux.<br />
116 Jean-Claude Iriart, entretien avec l’auteur, 20 avril 2004.<br />
117 Jean-Jacques <strong>La</strong>sserre, entretien avec l’auteur, 5 mai 2004.<br />
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