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Cahier du lipsor (pays basque 2010).indd - La prospective

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<strong>Cahier</strong>s <strong>du</strong> Lipsor n°15<br />

En revanche, la « société civile », représentée ici par des responsables d’associations<br />

culturelles ou sportives, des enseignants <strong>du</strong> secondaire ou <strong>du</strong> technique, des syndicalistes sans<br />

grands leviers de mobilisation, trouve au Conseil de développement un endroit où elle peut<br />

s’exprimer avec de bonnes chances d’être enten<strong>du</strong>e.<br />

Certains militants <strong>basque</strong>s sont parfois exaspérés par le peu d’écho que trouvent à Paris, Pau<br />

ou Bordeaux leurs campagnes pour la réimplantation de leur langue ou pour la revitalisation<br />

de tous les aspects de la culture <strong>basque</strong>, ils protestent contre les choix des élus – qu’ils<br />

présentent comme des pannes de transmission entre le Conseil de développement et celui des<br />

élus, refusant d’admettre la liberté de choix de ces derniers – mais ils savent que faire couler<br />

le navire les priverait d’un lieu de débat où ils sont écoutés et où ils ont <strong>du</strong> poids.<br />

De leur côté, les techniciens, fonctionnaires et experts <strong>du</strong> service public apprécient ce lieu<br />

transverse par nature, où les problèmes nécessitant une approche horizontale peuvent être<br />

débattus dans des groupes de travail réunissant une palette suffisante de compétences (dans<br />

les deux sens <strong>du</strong> mot : cognitif et organisationnel) et trouver, par construction, le relais des<br />

politiques.<br />

Enfin, même si certains élus viscéralement attachés à une forme de démocratie représentative<br />

refusent l’adjuvant que lui apporte la démocratie participative et supportent mal les corps<br />

intermédiaires, ils n’auraient rien à gagner à voir les plus actifs – et les plus remuants – de<br />

leurs administrés privés de tribune officielle 126 . Même sur des thèmes conflictuels, la prise de<br />

parole est plus nuancée et plus facilement constructive dans une assemblée conçue et<br />

organisée pour discuter et confronter des idées que dans la rue.<br />

Toutes les parties concernées ont donc intérêt à ce que ce lieu de débat démocratique per<strong>du</strong>re.<br />

4 – Une expérience qui donne des réponses à ceux qui se posent des<br />

questions et apporte des questions à ceux qui ne s’en posent pas<br />

Depuis la mise en place <strong>du</strong> Conseil de développement <strong>du</strong> Pays <strong>basque</strong>, la Loi a généralisé la<br />

formule. Chaque « <strong>pays</strong> » doit se doter d’une telle structure, dont les responsables se posent<br />

de multiples questions auxquelles les Basques ont répon<strong>du</strong> depuis dix ans. Par exemple, des<br />

tenants de la démocratie participative refusent que les élus et les fonctionnaires entrent au<br />

Conseil 127 . Il nous semble que c’est une bonne recette pour échouer : éviter d’associer tout<br />

technicien compétent et toute personne ayant accès à un levier de pouvoir. Nous avons vu que<br />

les relations étroites et multiples entre le Conseil de développement, le Conseil des élus et<br />

l’ensemble des assemblées : Conseils municipaux, Conseil général, Parlement européen,<br />

Conseil régional et Assemblée nationale, facilitaient l’avancement des dossiers (tout en<br />

laissant beaucoup de travail à ceux qui ont pour mission de les faire aboutir !). Ce plaidoyer<br />

pour une grande proximité de tous ceux qui contribuent à la gestion et au développement d’un<br />

territoire n’est pas dû à la nostalgie d’un fonctionnement radical-socialiste, d’un temps où les<br />

décisions politiques se prenaient autour d’un cassoulet. Les travaux les plus récents<br />

démontrent que dans les entreprises « globales » faisant travailler des milliers d’hommes dans<br />

des dizaines de <strong>pays</strong>, et qui disposent des réseaux de télécommunication les plus performants,<br />

les décisions importantes se prennent entre indivi<strong>du</strong>s qui se côtoient quotidiennement ou<br />

126 Cette réticence des « élus <strong>du</strong> peuple » à écouter la « société civile » n’est pas propre au Pays <strong>basque</strong> : « Le<br />

politique […] n’est pas encore prêt à remettre en question les conditions d’exercice <strong>du</strong> pouvoir et encore moins<br />

à envisager de le partager avec de nouveaux acteurs issus de la société civile ». (Sue, R, 2003, p.26)<br />

127 « éviter toute désignation autoritaire de membres de droit, à plus forte raison d’élus et de fonctionnaires »<br />

(Varine (de), H, 2000, p. 20)<br />

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