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CENTRE DE RECHERCHES ET D'ETUDES SUR LES ... - CREDHO

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concernant la France dans laquelle elle a été condamnée pour dépassement de la durée raisonnable<br />

de procédure. Il s'agissait de requêtes d’hémophiles portées devant le tribunal administratif dès<br />

l'origine des problèmes de contamination, et pour lesquelles le tribunal administratif de Paris, en<br />

l'espèce, ne s'était pas beaucoup dépêché d'instruire l'affaire, ce qui, évidemment, avait provoqué à<br />

Strasbourg un assez grand émoi puisque c'était la première affaire dans laquelle le problème des<br />

hémophiles et des contaminations se posait. Un mot aussi à propos d'un affaire citée par le<br />

Professeur Tavernier : l'affaire Drodz et Janousek qui était tout à fait passionnante. C'était un vrai<br />

problème de droit international public, puisqu'il s'agissait de savoir si les prévenus condamnés par<br />

le jury criminel d'Andorre, qui est un jury populaire, avaient la faculté de purger leur peine soit en<br />

Espagne, soit en France, en vertu d'un vieil accord de droit coutumier passé entre les co-viguiers et<br />

les co-princes (le co-prince français étant rien de moins que le Président de la République). Si du<br />

fait de l'exercice de la peine dans l'un des deux pays, celui qui purgeait sa peine, en l'espèce, en<br />

France, pouvait-il invoquer la Convention européenne contre la France ou contre l'Espagne alors<br />

que Andorre n'était pas un Etat reconnu comme tel et n'était pas non plus un Etat-membre du<br />

Conseil de l'Europe Problème passionnant de droit international public, digne du Professeur<br />

Charles Rousseau, et qui posait toutes les questions : quelle est la définition d'un Etat Quelle est<br />

la responsabilité des Etats-membres du Conseil de l'Europe par rapport au traitement d'individus<br />

provenant d'une juridiction extérieure d’Etat tiers La Cour européenne, à une très faible majorité,<br />

a considéré qu'il n'y avait pas violation. Les opinions dissidentes ont été assez motivées pour<br />

soutenir le contraire. En tout cas l'affaire a porté ses fruits, puisque très récemment Andorre a<br />

décidé de changer de Constitution, ce qui permettra dans l'avenir de rétablir les faits. Mais nous<br />

avons un certain nombre de détenus encore en France qui ont été condamnés par Andorre, et pour<br />

lesquels le problème pourrait rester posé.<br />

Certains arrêts ont également donné lieu à des homologations de règlements amiables, puisque<br />

devant la Commission et la Cour, l'Etat peut transiger avec le requérant. La Commission et la Cour<br />

ont, néanmoins, le rôle de vérifier si cette transaction ne cache pas une omission sur le terrain des<br />

droits fondamentaux. En la circonstance, il s’agissait d’affaires de durée déraisonnable. L'Etat<br />

français avait préféré transiger par l'octroi de dommages-intérêts, de telle sorte que soit les affaires<br />

ne sont pas venues devant la Cour, soit la Cour s'est bornée à entériner et à homologuer la<br />

transaction et a considéré qu'il y avait lieu de radier l'affaire en question.<br />

Pour l'avenir, et pour conclure, quelle pourra être justement l'évolution des affaires françaises Je<br />

crois qu’une meilleure connaissance de la jurisprudence va amener de plus en plus nos juridictions<br />

et nos autorités à éviter certaines erreurs, qui sont moins des violations des droits fondamentaux<br />

que des violations de l'article 6 sur la procédure qui alimente les deux-tiers de la jurisprudence de<br />

la Cour pour tous les pays. En outre, une conséquence plus positive consisterait à produire une<br />

certaine stimulation dans l'initiative du juge et des avocats qui pourraient avoir ainsi une vision<br />

plus large de leurs possibilités de décision. En effet, dans la mesure où le juge par subsidiarité peut<br />

examiner les droits fondamentaux de la Convention européenne, il acquiert en quelque sorte la

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