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CENTRE DE RECHERCHES ET D'ETUDES SUR LES ... - CREDHO

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De là, la Cour va rappeler sa position générale vis-à-vis de l'article 6 ; à savoir que "le droit à un<br />

tribunal" - qui est un droit inhérent à l'article 6 selon la Cour - n'est pas absolu (affaire Golder<br />

contre Royaume-Uni, arrêt du 21 février 1975, série A n° 18) : l'Etat peut le limiter en particulier<br />

en mettant en place des délais de recours.<br />

Rappelons que la Cour n'a pas élaboré à proprement parlé de théorie concernant les limitations<br />

admises à l'application de ce droit, même si le juge Martens, dans une opinion concordante, estime<br />

que les trois conditions abstraitement définies au paragraphe 2 des articles 8 à 11 de la Convention,<br />

qui permet aux Etats d'apporter des limitations aux droits reconnus - condition de légalité ;<br />

poursuite d'un but légitime ; respect du principe de proportionnalité - sont transposables à l'article<br />

6 ; le juge Martens se livre ici à une interprétation extra legem en s'appuyant toutefois sur des<br />

éléments de jurisprudence (Affaires Ashingdane c. R.-U. 1985 et Lithgow c. R.-U. 1986).<br />

Mais la Cour va seulement insister sur la conformité de principe de la procédure de recours<br />

française avec la Convention (§.29).<br />

Toutefois la Cour redit que ces limitations ne peuvent pas atteindre le droit dans sa substance<br />

même. Pour vérifier ce principe, elle va emprunter une démarche casuistique. Par conséquent elle<br />

va se demander si la computation des délais permet de maintenir "l'effectivité" de l'article 6. Pour<br />

cela, elle entend se limiter seulement à l'examen du décret de 1969 et de la circulaire de 1989 qui<br />

fixe le régime de la publicité pour les décrets de classement.<br />

Ainsi, en relevant notamment, pour faire chorus avec les arguments du requérant, "la complexité<br />

du droit positif" fondée sur "une multiplicité des modes de publicité", et le fait que, le requérant et<br />

les sept autres propriétaires concernés se sont vus notifier toutes les étapes de la procédure de<br />

classement, la Cour estime que ces notifications "pouvaient raisonnablement donner à penser à ces<br />

derniers que le résultat, positif ou négatif, desdites procédures serait lui aussi communiqué à<br />

chacun d'eux sans qu'ils eussent à se plonger, des mois ou des années durant, dans la lecture du<br />

Journal officiel (§.33)".<br />

La Cour reconnaît de cette façon la violation de l'article 6 §.1 de la Convention.<br />

Sur la portée de cette jurisprudence :<br />

Bien que la Cour se refuse officiellement à bâtir une théorie des limitations inadmissibles "au droit<br />

à un tribunal" (elle traite l'affaire uniquement en l'espèce : "spécialement"), elle caractérise<br />

néanmoins, de manière générale, ce qu'aurait dû être idéalement le système de recours pour le<br />

requérant. C'est-à-dire un système permettant de "jouir d'une possibilité claire, concrète et effective<br />

de contester un acte administratif".<br />

C • Le rôle de la satisfaction équitable dans la présente affaire

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