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CENTRE DE RECHERCHES ET D'ETUDES SUR LES ... - CREDHO

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des droits et libertés d'autrui”. Le principe retenu est celui de la protection de la vie privée et<br />

familiale, avec cependant une possibilité d'ingérence, si cette ingérence est prévue par la loi, et si<br />

cette ingérence est proportionnée à l'intérêt qui est protégé.<br />

M. Beldjoudi est né en mai 1950, en France, de parents nés en Algérie, mais à l'époque où<br />

l'Algérie était département français. Le 1er janvier 1963, à treize ans, il perd sa nationalité parce<br />

que ses parents n'ont pas signé à temps, ou n'ont pas voulu le faire, la déclaration recognitive qui<br />

lui aurait permis de conserver la nationalité française. Il devient donc Algérien, tout en continuant<br />

à résider en France. En avril 1970, il se marie avec Madame Teschene, de nationalité française. M.<br />

Beldjoudi s’est manifesté par des actes de délinquance assez nombreux et relativement graves<br />

(comme le disait tout à l'heure M. le bâtonnier Pettiti, c'est toujours lorsqu’on a affaire à des gens<br />

qui sont hors du commun, et qui commettent des actes relativement lourds de conséquences, que la<br />

jurisprudence progresse ; grâce à M. Beldjoudi la jurisprudence a progressé). M. Beldjoudi est<br />

régulièrement condamné : en mars 1969, à huit mois d'emprisonnement pour des coups et<br />

blessures volontaires ; en juillet 1974, à six mois d'emprisonnement pour les mêmes motifs ; en<br />

janvier 1976, à dix-huit mois dont quatorze avec sursis pour des vols ; en novembre 1977, à huit<br />

années de réclusion criminelle prononcées par une Cour d'assises pour un vol qualifié. Mais il n’en<br />

reste pas là puisqu’il est condamné également en février 1986, une fois libéré, à dix-huit mois dont<br />

dix avec sursis pour coups et blessures volontaires. Ce qui fait qu'au 1er janvier 1991, et compte<br />

tenu des remises de peine, M. Beldjoudi aura passé sept années et dix mois en prison. Cependant il<br />

n'en restera pas là puisque le 17 janvier 1991, il est à nouveau incarcéré pour n’être libéré que le 23<br />

janvier 1992, et cela dans le cadre d'une détention provisoire. Il est donc établi que M. Beldjoudi<br />

s'est manifesté par des comportements asociaux et dangereux fréquents, ce qui a conduit l'Etat<br />

français, non pas en 1991 ou en 1986 à sa sortie de prison, mais en 1979, c'est-à-dire peu de temps<br />

après la condamnation par la Cour d'assises, à prendre une décision d'expulsion, prononcée le 2<br />

novembre 1979. M. Beldjoudi a attaqué cette décision devant le Tribunal administratif dans les<br />

deux mois de la notification qui lui a été faite de cette décision d’expulsion, et le Tribunal n’a<br />

rendu sa décision qu’en avril 1988. En effet, entre-temps, le Tribunal administratif a dû surseoir à<br />

statuer compte tenu du fait que M. Beldjoudi, dans le cadre de sa défense, prétendait être de<br />

nationalité française. Or les questions de nationalité sont des questions préjudicielles, relevant de la<br />

seule compétence du juge civil. Le juge administratif avait donc l’obligation de surseoir à statuer et<br />

de renvoyer cette question préjudicielle au juge civil. La décision sur la nationalité ne sera rendue<br />

définitivement qu’en 1986 par la Cour d’appel, qui rejettera la prétention de M. Beldjoudi. La<br />

procédure a donc pu être reprise devant le Tribunal administratif en 1986. Le requérant a d’ailleurs<br />

invoqué à cette époque des moyens nouveaux, qui n'avaient pas été envisagés à l'origine, et<br />

notamment la violation de l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'Homme.<br />

C’est dans ces conditions que le Tribunal administratif de Versailles a rendu une décision de rejet,<br />

avec des motivations intéressantes, et en particulier : “Considérant que M. Beldjoudi n'est pas<br />

fondé à faire valoir les dispositions issues de la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen,

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