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CENTRE DE RECHERCHES ET D'ETUDES SUR LES ... - CREDHO

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L'affaire Drodz et Janouzek c. France et Espagne<br />

par<br />

Rémi Landais<br />

Juge d'instruction au Tribunal de Grande Instance de Rouen<br />

Je vais vous parler de l'arrêt de la Cour européenne des droits de l'Homme du 26 juin 1992, intitulé<br />

Drodz et Janousek. C'est une requête qui est dirigée à l'encontre et de la France et de l'Espagne.<br />

C'est une décision riche sur le plan de la rédaction, et d'une exceptionnelle densité. On connaît les<br />

arrêts des Cours d'appel, de la Cour de cassation, mais ces arrêts sont bien différents, concernant le<br />

montage et la rédaction de la décision, de ceux de la CEDH. On y expose les thèses diverses, les<br />

difficultés juridiques, la motivation retenue, celle qui n'est pas retenue puisqu'il y a les opinions<br />

divergentes ou dissidentes, et l’on publie tout ce qui a été dit et écrit à propos de l'affaire. On a<br />

ainsi un canevas avec un sommaire au début de la décision, avec une synthèse, les faits, la<br />

procédure... Et ensuite un long exposé de droit sur toutes les notions qui sont retenues et qui ont été<br />

discutées lors de cette affaire Drodz et Janousek. On a même, sur quatre pages (et je vais vous dire<br />

pourquoi après) un extrait d'un discours de François Mitterrand prononcé à l'Elysée le 26<br />

novembre 1991, puisque dans cette affaire le Président de la République française a des fonctions<br />

féodales en sa qualité de co-Prince d'Andorre.<br />

Cet arrêt a beaucoup moins d'applications futures que les autres décisions déjà vues (on a parlé tout<br />

à l'heure de transsexualisme, des immigrés de la deuxième génération), dans la mesure où c'est un<br />

arrêt qui est plutôt rendu pour “la beauté du geste”. Il concerne une question très peu abordée, celle<br />

de la détention des condamnés à des peines d'emprisonnement prononcées en Andorre et exécutées<br />

en France, ce qui est relativement rare. Et ce d'autant plus que des changements politiques notoires<br />

interviennent depuis très peu de temps en Andorre ; l'origine féodale y est actuellement en danger<br />

de disparition, une Constitution parlementaire ayant été acceptée par référendum par la population<br />

il y a environ trois semaines. C'est donc en quelque sorte, pour la “beauté du geste”, la grandeur du<br />

droit.<br />

Je vous rappelle très rapidement le droit de la principauté. Le droit public est issu de sentences qui<br />

datent de 1278 et 1288 dans lesquelles deux co-princes incarnent le pouvoir exécutif : d'abord,<br />

pendant très longtemps, le Comte de Foix, de la maison Foix-Béarn, qui est maintenant de la<br />

“maison de Latché, Jarnac et Château Chinon” (le Président de la République actuel), et d'autre<br />

part, l'évêque d'Urgel qui est un Espagnol. Il y a donc une co-principauté entre un élu français et un<br />

ecclésiastique espagnol.<br />

Le droit civil andorran est beaucoup plus récent puisque la Charte date de 1748 et 1767 ; le droit<br />

pénal, en revanche, a été publié en 1981. Il y a ensuite un texte de 1984, définitivement promulgué

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