Survie <strong>des</strong> nouveau-nésJusqu’au milieu, voire la fin <strong>des</strong> années 1990, <strong>le</strong>s estimationsdu nombre de décès d’<strong>enfants</strong> survenant pendant la périodenéonata<strong>le</strong> (<strong>le</strong> premier mois de vie) reposaient sur <strong>des</strong> donnéeschronologiques approximatives plutôt que sur <strong>des</strong>enquêtes spécifiques. En 1995 et en 2000, <strong>le</strong>s estimationssont devenues plus rigoureuses grâce aux données tirées <strong>des</strong>enquêtes sur <strong>le</strong>s ménages. En analysant ces données, ons’est rendu compte que <strong>le</strong>s estimations antérieures avaientsérieusement sous-estimé l’amp<strong>le</strong>ur du problème. Bien que<strong>le</strong> taux mondial de mortalité néonata<strong>le</strong> ait un peu fléchidepuis 1980, <strong>le</strong>s décès néonatals sont devenus proportionnel<strong>le</strong>mentbeaucoup plus importants car la diminution de lamortalité néonata<strong>le</strong> a été plus <strong>le</strong>nte que cel<strong>le</strong> de la mortalité<strong>des</strong> moins de 5 ans : entre 1980 et 2000, <strong>le</strong>s décès durant <strong>le</strong>premier mois de vie ont régressé d’un quart tandis que <strong>le</strong>nombre de décès d’<strong>enfants</strong> âgés d’un mois à 5 ans diminuaitd’un tiers.On sait aujourd’hui que 4 millions de bébés meurent chaqueannée durant <strong>le</strong> premier mois de <strong>le</strong>ur vie, dont la moitié environau cours <strong>des</strong> premières 24 heures, ce qui revient à direqu’un enfant a 500 fois plus de risques de mourir à un jourqu’à un mois. <strong>La</strong> mortalité néonata<strong>le</strong> représente près de 40 %du nombre total de décès <strong>des</strong> moins de 5 ans et environ 60 %de la mortalité infanti<strong>le</strong> (moins d’un an). Le nombre absolu <strong>le</strong>plus é<strong>le</strong>vé de décès de nouveau-nés concerne l’Asie du Sud –Figure 1.2Taux mondiaux de mortalité néonata<strong>le</strong>,2000PaysindustrialisésECO/CEIAmérique latineet CaraïbesAsie de l’Estet PacifiqueAsie du SudMoyen-Orient etAfrique du NordAfrique del’Ouest etcentra<strong>le</strong>Afrique del’Est et austra<strong>le</strong>Afriquesubsaharienne4151820260 10 20 30 40 50 60Décès néonatals pour 1 000 naissances vivantesSource : Organisation mondia<strong>le</strong> de la Santé, sur la base <strong>des</strong> registresd’état civil et <strong>des</strong> enquêtes sur <strong>le</strong>s ménages. Les données régiona<strong>le</strong>set par pays sur <strong>le</strong>s taux de mortalité néonata<strong>le</strong> en 2000 figurent <strong>dans</strong><strong>le</strong> Tab<strong>le</strong>au statistique 1, page 114 du présent rapport.40444448l’Inde représentant un quart du total mondial – mais <strong>le</strong>s tauxnationaux de mortalité néonata<strong>le</strong> <strong>le</strong>s plus é<strong>le</strong>vés sont enregistrésen Afrique subsaharienne. Ces décès ont un facteuren commun : la santé de la mère. Chaque année, plus de500 000 femmes meurent en couches ou de complicationspendant la grossesse, et <strong>le</strong>s nouveau-nés dont la mère estdécédée à l’accouchement courent nettement plus de risquesde mourir durant <strong>le</strong>ur première année de vie que ceux dont lamère reste vivante.Même ces chiffres sous-estiment l’amp<strong>le</strong>ur du problème quiaffecte la santé de l’enfant durant la période néonata<strong>le</strong>. Parexemp<strong>le</strong>, plus d’un million d’<strong>enfants</strong> qui survivent chaqueannée à l’asphyxie néonata<strong>le</strong> gardent <strong>des</strong> séquel<strong>le</strong>s tel<strong>le</strong>squ’infirmité motrice cérébra<strong>le</strong>, difficultés d’apprentissageset autres handicaps. Pour chaque nouveau-né qui meurt,20 autres souffrent d’un traumatisme à la naissance, decomplications liées à la prématurité et d’autres problèmesde santé néonata<strong>le</strong>.Une amélioration significative de la période néonata<strong>le</strong> précocedépendra d’interventions essentiel<strong>le</strong>s pour la mère etl’enfant avant, pendant et juste après l’accouchement. Lesdernières estimations disponib<strong>le</strong>s pour 2000–2006 révè<strong>le</strong>ntque <strong>dans</strong> <strong>le</strong> <strong>monde</strong> en développement, un quart <strong>des</strong> femmesenceintes n’ont pas été examinées au moins une fois aucours d’une grossesse par <strong>des</strong> agents de santé qualifiés(médecin, infirmière, sage-femme); 59 % seu<strong>le</strong>ment <strong>des</strong>accouchements sont assistés par du personnel soignantqualifié et à peine plus de la moitié ont lieu <strong>dans</strong> unétablissement de soins.<strong>La</strong> prévention <strong>des</strong> décès néonatals joue un rô<strong>le</strong> capital <strong>dans</strong>la réduction de la mortalité infanti<strong>le</strong>. Selon la série de larevue The <strong>La</strong>ncet sur la survie néonata<strong>le</strong>, publiée en 2005,3 millions de décès sur <strong>le</strong>s 4 millions enregistrés <strong>dans</strong> <strong>le</strong><strong>monde</strong> pourraient être évités en parvenant à un taux é<strong>le</strong>véde couverture (90 %) pour un ensemb<strong>le</strong> d’interventionséprouvées et au coût abordab<strong>le</strong>, qui pourraient être assuréespar <strong>des</strong> services de proximité, <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s communautés,et par <strong>des</strong> soins cliniques en établissement grâce à uncontinuum <strong>des</strong> soins (prénatals, pendant l’accouchement etpost-partum). S’il est essentiel de développer <strong>le</strong>s soins qualifiés,la série sur la survie néonata<strong>le</strong> souligne néanmoinsl’importance <strong>des</strong> solutions appliquées à titre provisoire et quipermettent <strong>des</strong> sauver la vie d’environ 40 % <strong>des</strong> nouveau-nés<strong>dans</strong> <strong>le</strong> cadre communautaire. Il est éga<strong>le</strong>ment indispensab<strong>le</strong>d’élargir <strong>le</strong>s programmes qui préviennent la transmission duVIH de la mère à l’enfant.Parmi <strong>le</strong>s mesures qui s’imposent pour sauver <strong>le</strong>s nouveaunés,il convient de noter : l’élaboration, à l’échel<strong>le</strong> nationa<strong>le</strong>,de plans à l’efficacité prouvée, axés sur <strong>le</strong>s résultats et assortisde stratégies spécifiques pour atteindre <strong>le</strong>s plus démunis;une plus grande mobilisation de fonds; <strong>des</strong> cib<strong>le</strong>s convenuespour la réduction de la mortalité néonata<strong>le</strong>; et la promotiond’une plus grande harmonisation et responsabilisation <strong>des</strong>parties prenantes au niveau international.4 LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE <strong>2008</strong>
Figure 1.3Interventions simp<strong>le</strong>s, à forte incidence, susceptib<strong>le</strong>s de sauver la vie <strong>des</strong>nouveau-nés grâce au continuum de soins du niveau maternel aux niveauxnéonatal et infanti<strong>le</strong>.Continuum de la prestation de servicesSoins cliniquesen établissementServices deproximitéL’acidefoliqueLes soins obstétricaux et <strong>le</strong>s soins néonatals spécialisés,y compris la réanimationLes soins obstétricaux d’urgence pour prendre en charge<strong>le</strong>s complications tel<strong>le</strong>s que travail prolongé, accouchementpar <strong>le</strong> siège, hémorragie, pré-éclampsie et accouchementprématuréL’administration d’antibiotiques contre la ruptureprématurée <strong>des</strong> membranes*L’administration de corticostéroï<strong>des</strong> aux femmes ayantaccouché avant terme *<strong>La</strong> série de quatre visites prénata<strong>le</strong>s, y compris lavaccination contre <strong>le</strong> tétanos, <strong>le</strong> diagnostic et laprise en charge de la syphilis, d’autres infections,la pré-éclampsie et <strong>le</strong>s complications de lagrossesseLe traitement intermittent présomptif dupaludisme **Le diagnostic et <strong>le</strong> traitement de la bactériurie*<strong>La</strong> préparation à l’accouchement et aux<strong>situation</strong>s d’urgence et l’encouragementà exiger <strong>des</strong> soinsL’accouchementpropreLes soins d’urgence aunouveau-né en cas de maladie,en particulier la prise en chargede la septicémie, la réanimation<strong>des</strong> nouveau-nés et <strong>le</strong>s soinsaux nourrissons souffrant d’uneinsuffisance pondéra<strong>le</strong> graveà la naissanceLes soins postnatals pourpromouvoir <strong>le</strong>spratiques sanitaires<strong>La</strong> détection précoce etl’orientation vers <strong>le</strong>s servicesappropriés en cas decomplicationsLes soins de santé à domici<strong>le</strong>,y compris la promotion del’allaitement au sein, l’asepsieombilica<strong>le</strong>/peau, <strong>le</strong>s soinsthermiques, l’encouragementà exiger <strong>des</strong> soinsFamil<strong>le</strong> et communautéLes soins aux nouveau-nés : conseilset préparationL’asepsieombilica<strong>le</strong>/de la peau,<strong>le</strong>s soinsthermiques,l’allaitementexclusivementau sein dès lanaissanceLes soins supplémentaires auxnourrissons présentant uneinsuffisance pondéra<strong>le</strong> à lanaissance<strong>La</strong> prise en chargecommunautaire <strong>des</strong> cas depneumonieGrossesseNaissancePériodenéonata<strong>le</strong>PetiteenfanceContinuum mère, nouveau-né, enfant* Interventions supplémentaires <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s contextes avec <strong>des</strong> systèmes sanitaires mieux établis et un taux de mortalité plus faib<strong>le</strong>.** Interventions spécifiques nécessaires <strong>dans</strong> certains contextes, par exemp<strong>le</strong> affichant <strong>des</strong> taux de préva<strong>le</strong>nce du paludisme é<strong>le</strong>vés.Note : ce chiffre englobe 16 interventions ayant fait <strong>le</strong>urs preuves en ce qui concerne la réduction de la mortalité néonata<strong>le</strong>. D’autresinterventions importantes sont mises en place durant cette période mais ne sont pas mentionnées ici car el<strong>le</strong>s n’influencent pas principa<strong>le</strong>ment<strong>le</strong>s décès néonatals (par ex., prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant). Pour certaines interventions mentionnées ici, <strong>le</strong>s mo<strong>des</strong>de prestation de services peuvent varier selon <strong>le</strong> contexte.Source : The <strong>La</strong>ncet Series Team, ‘The <strong>La</strong>ncet Series on Neonatal Health Executive Summary’, The <strong>La</strong>ncet, 3 mars 2005, p. 3.Voir Références, p. 104LA SURVIE DE L’ENFANT : OÙ EN SOMMES-NOUS ? 5