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DESCRIPTION SÉMIOTIQUE D'UN CONTE PHILOSOPHIQUE : CANDIDE<br />
de Candide, aucun détail complémentaire (vestimentaire par exemple), le personnage<br />
du conte a pour fonction essentielle (au niveau thématique) de réaliser le programme<br />
onomastique ou définitionnel initial.<br />
Ex. : les objets magiques.<br />
Très fréquents dans les contes merveilleux, les objets magiques ont pour<br />
fonction essentielle d'aider le héros dans son programme de quête. A la suite de<br />
Greimas 1 , on peut distinguer deux classes d'objets magiques selon les prestations<br />
qu'ils fournissent. <strong>Le</strong>s uns sont fournisseurs de services, ils « dispensent le héros de<br />
la possession de qualités dont il aurait besoin pour accomplir ses hauts faits ». Tel est<br />
le rôle de l'épée à Lisbonne, du canot pour aller en El Dorado ou de la machine<br />
volante pour en revenir. <strong>Le</strong>s autres sont fournisseurs de biens consommables ou<br />
thésaurisables. Certains objets cumulent les deux fonctions. C'est le cas de l'or dans<br />
Candide. Cet adjuvant permet à Candide, à la fois d'affronter ses adversaires, de les<br />
tenir en respect, de marchander avec eux et de liquider ses manques (rachat de<br />
Cunégonde et des autres personnages et obtention de la métairie finale).<br />
Ex. : les événements.<br />
« Bien qu'on ne rencontre dans Candide, ni fées, ni génies, ni événements<br />
proprement surnaturels, on y trouve, du point de vue du fonctionnement dans<br />
le conte, à peu près tout l'arsenal des contes les plus fabuleux » 2 .<br />
Au niveau événementiel, les exemples abondent : au chapitre 2, l'arrivée du<br />
roi des Bulgares sauve Candide in-extrémis d'une mort certaine ; dans ce même<br />
chapitre, il guérit miraculeusement grâce aux soins d'un chirurgien ; au chapitre 3,<br />
Candide est réanimé par « un peu de mauvais vinaigre qui se trouva par hasard dans<br />
l'étable ». Se multiplient aussi les retrouvailles miraculeuses et les rencontres<br />
hasardeuses (le gueux Pangloss au chapitre 3, la vieille au chapitre 4, etc.).<br />
c) Une organisation narrative particulière.<br />
On doit au Greimas de Du sens une définition générale du récit et une<br />
description de l'organisation générale de certains types de récits que je rappelle ici :<br />
« 1) <strong>Le</strong> récit, unité discursive, doit être considéré comme un algorithme, c'està-dire<br />
comme une succession d'énoncés dont les fonctions-prédicats simulent<br />
linguistiquement un ensemble de comportements orientés vers un but. En tant<br />
que succession, le récit possède une dimension temporelle : les<br />
comportements qui y sont étalés entretiennent entre eux des relations<br />
d'antériorité et de postériorité_<br />
2) Une sous-classe de récits dramatisés (mythes, contes, pièces de théâtre,<br />
etc.) est définie par une propriété structurelle commune, la dimension<br />
temporelle, sur laquelle ils se trouvent situés est dichotomisée en un avant vs<br />
un après.<br />
ce sens, mais on trouverait confirmation jusque dans les oeuvres aussi inattendues que Candide ou les<br />
poèmes en prose de Baudelaire » J.BELLEMIN NOEL, « Des formes fantastiques aux thèmes<br />
fantastiques », Littérature n ° 2, 1971, p. 111.<br />
1 A. J. GREIMAS, « Un problème de sémiotique narrative : les objets de valeurs », Langages, in 31,<br />
1973, p. 14.<br />
2 France VERNIER, « <strong>Le</strong>s disfonctionnements des normes du conte dans Candide », Littérature, n° 1,<br />
1971, p. 21.<br />
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