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Le Conte

Tout sur les contes

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LE CONTE<br />

répondaient par des rires : "Qu'irons-nous manger chez ce gueux ? Par Dieu, allons-y<br />

avec nos enfants et voyons ce qu'il peut bien nous offrir !" Celui qui arrivait était fort<br />

surpris de trouver apprêtés tant de plats de couscous, de ragoûts dans leur jus, et tant<br />

de pain. Quand les gens accourus avec leurs femmes et leurs enfants furent présents,<br />

on les groupa par petites tables et on leur servit un plat de couscous, un ragoût et du<br />

pain. <strong>Le</strong>s gens se régalèrent tant et plus et il resta dans les plats plus de nourriture<br />

qu'ils en avaient consommée. Puis les gens se séparèrent faisant chacun à part soi ses<br />

réflexions. "C'est avec de l'argent prêté qu'il a pu faire ce festin. Maintenant, il n'a<br />

plus qu'à fuir s'il veut éviter ses créanciers !"<br />

<strong>Le</strong>s invités partis, la femme se mit à pleurer la perte de sa génisse. Sidi Abd<br />

El-Haqq s'en fut alors dans les jardins arracher une poignée d’herbe fraîche, la jeta<br />

sur la peau de la bête et la frappa avec son chapelet. La bête aussitôt se releva,<br />

changée en une belle vache. <strong>Le</strong>s gens surent à ce signe qu'il était agourram.<br />

Il s'écoula du temps, puis Sidi Abd El-Haqq créa son foyer. Sept hommes, diton,<br />

se marièrent le même jour. Ils s'en furent, la nuit de leur mariage, au "Col des<br />

Fiancés" en compagnie de sept autres homme qui devaient leur couper les cheveux,<br />

mais qui les égorgèrent tous les sept. À ce moment, la foudre tomba, le torrent<br />

déborda d'une eau rouge du sang des victimes. Sidi Abd El-Haqq, à ces signes, se<br />

leva et s'écria : "On a tué les fiancés !" Il alla à la source, la frappa de son bâton et en<br />

tarit l'eau. Cet endroit porte aujourd'hui le nom de Talat n Zebil. Il y avait beaucoup<br />

de jardins à Tiâzit à l'époque : voilà la raison pour laquelle il n'y en a plus<br />

aujourd'hui. <strong>Le</strong>s jeunes filles moururent le lendemain et on les enterra près de leurs<br />

fiancés.<br />

C'est alors que le jeune agourram descendit vers un lieu couvert de rochers et<br />

de bois pour en chasser les bêtes sauvages qui s'y trouvaient. "Emporte tes petits,<br />

lion ! dit-il ; emmène tes petits, sanglier ! emporte les tiens, perdrix, et les vôtres,<br />

serpents, que j'y amène les miens !" <strong>Le</strong>s animaux abandonnèrent la forêt. Il la<br />

parcourut le lendemain afin de s'assurer qu'aucune bête n'y était demeurée. Il trouva<br />

un serpent. "Pourquoi es-tu encore ici ? lui demanda-t-il. Toutes les autres bêtes ont<br />

fui, toi seul es resté ! - Seigneur, lui dit-il, il est préférable que je sois consumé sur<br />

place plutôt que de m'en aller. – Pourquoi ? - Mes petits sont si jeunes que je ne sais<br />

comment les emmener. Si tu consens à me laisser ici, je te promets devant Dieu –qui<br />

a donné le Prophète à ses Compagnons– de ne jamais tuer qui que ce soit de ta<br />

descendance !" Et le serpent continua à habiter là.<br />

C'est dans cet endroit qu'Abd E1-Haqq bâtit sa zaouia. On y voit encore la<br />

chambre où il priait. À sa mort, il y laissa un puits, une de ses sandales et une<br />

négresse du nom de Lalla Jorra. Aujourd'hui, on mène en ce lieu l'individu atteint<br />

d’aliénation mentale. La négresse le frappe de la sandale de l'agourram, lui tire du<br />

puits un vase d'eau, il se lave et boit. Et avec la grâce de Dieu et la baraka de Sidi<br />

Abd El-Haqq, il trouve remède à son mal.<br />

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