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LE CONTE<br />
Je la respecterai donc aussi. - De toute façon, le trait constitutif du conte-nouvelle est<br />
l'absence d'éléments surnaturels. Je pourrais signaler ici que le finnois possède un<br />
terme intermédiaire, celui de tarina, qui concilie, d'une part le conte, et de l'autre, la<br />
nouvelle.<br />
<strong>Le</strong> concept de conte finnois présente au moins autant de problèmes. Tout<br />
d'abord, le conte finnois à proprement parler n'existe pas 1 . De toutes les formes de la<br />
tradition orale, le conte est certainement celle qui a voyagé le plus loin et le plus<br />
longtemps. Aussi ses sujets et ses motifs sont-ils le patrimoine commun de<br />
l'humanité. <strong>Le</strong>s chercheurs n'ont pas trouvé de conte qui soit issu purement du sol<br />
finnois. Mais il va de soi que les versions racontées sur le sol finlandais ont adopté<br />
des traits locaux et assumé les formes les plus compréhensibles pour un auditeur<br />
finlandais. <strong>Le</strong>s types de contes populaires, avec leurs innombrables variantes, sont<br />
aussi bien d'origine chinoise, arabe, égyptienne, grecque que d'origine balto-slave et<br />
scandinave ou venus d'Europe Centrale. Cette constatation fut une déception amère<br />
pour les collecteurs pionniers des contes populaires en Finlande 2 . - Par contre, la<br />
Finlande constitue un terrain particulièrement intéressant pour la collecte des contes,<br />
car sur le sol finlandais se heurtent, d'une part, le folklore oral occidental-scandinave<br />
et, de l'autre, le folklore d'origine byzantine et slave. La différence d'origine se<br />
manifeste surtout dans le traitement de quelques motifs, tels l'importance des rôles<br />
masculins ou féminins, le comportement du héros ou de l'héroïne, etc.<br />
La recherche des contes en Finlande est à la fois récente et ancienne. Portés<br />
par l'essor national, quelques pionniers de la culture finlandaise, par ex. C. A.<br />
Gottlund et A. J. Arwidsson, avaient collecté des contes à partir des années 1810,<br />
mais c'est seulement en 1833, à l'initiative d'Elias Lönnrot, qu'on a commencé une<br />
collecte méthodique. Suivant l'exemple inspiré par le romantisme national d'autres<br />
pays, quelques membres de la Société de Littérature finnoise, centre de recherche<br />
nationale, ont exprimé en 1844 le vœu de voir publier des recueils de contes finnois.<br />
La première collection, celle de Eero Salmelainen (pseudonyme d’Erik Rudbeck) a<br />
vu le jour en 1852. Sa thèse de doctorat, soutenue en 1857, qui fut rejetée à cause de<br />
nombreux plagiats, fut la première tentative d'utilisation des contes comme base<br />
d'une recherche scientifique. <strong>Le</strong> véritable ouvrage de pionnier dans le domaine<br />
finlandais de la recherche fut le recueil de Kaarle Krohn, publié en 2 volumes en<br />
1886 et 1893. <strong>Le</strong> premier tome comprenait les contes d'animaux, le second les contes<br />
dits royaux. Une publication scientifique de cette espèce, qui présentait 2-3 versions<br />
complètes de chaque conte, fut à l'époque unique dans le monde entier. Malgré les<br />
critères scientifiques imposés par le travail, les contes en dialecte furent présentés en<br />
langue littéraire et Krohn lui-même y apporta quelques ajouts et modifications. Son<br />
souci particulier fut de n'admettre aucune parole indécente ou grossière. Antti Aarne,<br />
qui publia en 1908 sa thèse de doctorat (Vergleichende Märchenforschungen) adopta<br />
la même méthode historico-géographique que Krohn. La thèse de doctorat de Aarne<br />
n'a pas eu de loin la même importance pour les recherches ultérieures que la<br />
typologie des contes issue de sa main (Verzeichnis der Märchentypen, FFC 3) et<br />
complétée plus tard par Stith Thompson. Représentant de la même génération<br />
1 RAUSMAA 1972 : 18-19.<br />
2 id.<br />
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