Relativism and Universalism in Linguistics - Fachbereich 10 ...

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organisations sémantique et pragmatique s’appuient sur des principes communs. En termes
très généraux, le principe sémantique de l’inhérence consiste à mettre le plus près du verbe le
constituant qui y est le plus lié, tandis que le principe pragmatique implique que l’information
la plus importante (focalisée) a tendance à figurer en finale de phrase. Cependant,
l’application concrète de ces deux derniers principes dans différentes langues peut présenter
des écarts importants.
Cette étude traite le cas de la position et de l’ordre relatif de deux circonstants ‘intraprédicatifs’
ou ‘caractérisants’ dans la phrase en français et en néerlandais. Cette catégorie de
circonstants sert à caractériser le verbe ou le lien entre le verbe et un des actants et englobe
quatre sous-ensembles (compléments d’attitude, instrumentaux, aspectuels et sémiématiques):
(1) Jean a peint la porte avec soin / à la brosse / en dix minutes / en partie.
Malgré l’utilisation d’un certain nombre de facteurs communs en français et en néerlandais,
l’ordre relatif de deux caractérisants dans la phrase qui en résulte est loin d’être identique dans
ces deux langues. Cela s’explique par des différences considérables quant à la hiérarchie des
facteurs (c.-à-d. l’ordre dans lequel ils opèrent) et quant à leur fonctionnement précis.
En français, l’insertion de deux caractérisants dans la phrase est d’abord déterminée par les
propriétés morphologiques de ceux-ci. Ainsi, un adverbe occupe de préférence la position
postverbale, alors qu’un groupe prépositionnel apparaît en position finale de phrase:
(2) Jean a entièrement peint la porte à la brosse.
Il n’intervient d’autres facteurs que si les deux caractérisants adoptent la même forme
morphologique (deux adverbes ou deux groupes prépositionnels):
(3) Jean a soigneusement compté les votes manuellement.
Jean a peint la porte en partie à la brosse.
Dans ce cas (et avant tout s’il s’agit de deux groupes prépositionnels), les ordres ‘sémantique’
et ‘pragmatique’ coïncident dans la mesure où le caractérisant qui figure le plus loin du verbe
(parce qu’il entretient le lien le moins étroit avec le verbe) et donc le plus en arrière dans la
phrase est en même temps le caractérisant le plus facilement focalisé.
En néerlandais, les propriétés morphologiques des deux caractérisants n’ont aucun impact sur
leur position ou leur ordre relatif dans la phrase. Le facteur de premier plan est le principe
sémantique de l’inhérence, qui, dans plusieurs cas, s’oppose au paramètre pragmatique,
opposition qui est résolue tantôt en faveur du principe sémantique, tantôt en faveur du
principe pragmatique. Dans le premier cas, c’est la position du dernier accent de phrase qui
permet de déterminer l’information la plus pertinente ou le circonstant focalisé.
En conclusion, la comparaison du français et du néerlandais, fondée sur des phrases
construites qui ont été soumises à des locuteurs natifs, fait apparaître que la position et l’ordre
relatif de deux caractérisants en français sont relativement ‘prévisibles’, parce que déterminés
par une nette hiérarchie des différents principes qui interviennent. La situation beaucoup plus
complexe en néerlandais doit être attribuée aux propriétés prosodiques (en particulier au rôle
du dernier accent de phrase) et à la position finale de phrase du verbe principal, qui fonctionne
comme centre attracteur sémantique, mais surtout à la multiplication des centres attracteurs
sémantiques (outre le verbe principal, aussi le verbe auxiliaire et même certains actants).