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Le dilemme du sportif de haut niveau –<br />

Dopage or not dopage ?<br />

Eric Dugas 148<br />

Introduction<br />

Dans notre société, les formes sociales de pratiques physiques sont très<br />

variées allant des activités inorganisées et libres de loisirs jusqu’aux activités<br />

formelles et institutionnalisées du sport. Si bien que le jogging de loisirs<br />

du dimanche matin ne peut être comparé avec l’entraînement du marathon.<br />

Le processus de « sportification » des activités physiques ludiques place en<br />

pleine lumière une forme particulière de pratiques physiques : celle du sport<br />

de haut niveau. <strong>En</strong> façade, c’est la forme sociale formelle la <strong>plus</strong> spectaculaire<br />

et la <strong>plus</strong> médiatisée, celle qui est l’objet de convoitises et de rêves ; on<br />

s’identifie alors aisément au champion (Ehrenberg, 1991). De surcroît, et au<br />

désespoir de certains, un Zidane est actuellement <strong>plus</strong> connu et médiatisé<br />

qu’un prix Nobel de médecine.<br />

Cette vision pare le sport de toutes les vertus : on partage ainsi volontiers<br />

l’idée selon laquelle la pratique du sport contribue au bien-être de l’individu<br />

ou qu’elle engendre un effet cathartique, pacificateur et socialisant aussi<br />

bien dans l’univers des loisirs que dans celui de l’éducation (Elias et<br />

Dunning, 1986 ; Siedentop, 1994). Sa solide et durable implantation dans<br />

le temps et l’espace social sublime les traits d’une société fondée sur la<br />

méritocratie et l’individualisme : des termes tels que « compétition », « concurrence<br />

» ou « performance » sont en adéquation avec une société qui exalte<br />

les « gagnants ». Cette volonté d’en découdre avec l’autre, de vaincre à tout<br />

prix, peut contribuer à façonner un individu en consonance avec les normes<br />

et valeurs de la société actuelle (Collard, 2004 ; Dugas, 2008a).<br />

Mais cette attitude peut tout aussi bien basculer dans une spirale moins<br />

salutaire ; toute médaille, même olympique, a son revers. Le corps d’un<br />

compétiteur de haut niveau est mis à rude épreuve pour atteindre de hautes<br />

performances, battre l’autre et/ou des records. Dès lors, le sport de haut<br />

niveau n’échappe pas à une vision <strong>plus</strong> obscure de cette pratique sociale.<br />

Certains n’hésitent pas à déclarer que le sportif moderne est un mutant, dans<br />

le sens où le « meilleur athlète est celui qui dépasse les limites de l’humanité,<br />

qui les fait exploser » (Redeker, 2008, p. 21) ; pour cet auteur, on assiste à<br />

une véritable « déshumanisation » du sportif.<br />

148. Maître de conférences – HDR, UFR Staps, université Paris-Descartes, GEPECS axe 4,<br />

EA 3625.<br />

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