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Ethique et sport en Europe<br />

Les grands privilèges accordés aux vainqueurs (non seulement du point<br />

de vue économique, mais aussi sous d’autres aspects, parmi lesquels le<br />

moindre n’est pas le fait d’être acclamé et presque adoré par la foule)<br />

contribuèrent à ce que la soif de vaincre soit si grande que les athlètes se<br />

servirent parfois de tout type de moyens pour arriver au triomphe, dans le<br />

but de l’exploiter ultérieurement, souvent avec des objectifs complètement<br />

extérieurs au domaine sportif.<br />

Soudoyer l’adversaire pour gagner était une pratique fréquente partout, sauf<br />

peut-être à Olympie où le rôle des juges était dans ces cas-là très énergique.<br />

<strong>En</strong> effet, le premier cas que nous connaissons avec exactitude est celui du<br />

coureur de Thessalie Eulopos54 . <strong>En</strong> 388, il acheta ses adversaires Agétor<br />

d’Arcadie, Prytanès de Cyzique et Phormion d’Halicarnasse ; on sanctionna<br />

tant les corrupteurs que les athlètes corrompus par de fortes amendes avec<br />

lesquelles on finança six statues en bronze de Zeus. Ces statues furent<br />

placées à l’entrée du stade, ce qui représentait non seulement une grande<br />

honte pour les sportifs sanctionnés – leur action demeurait à la vue de tout le<br />

monde, si le triomphe était public la sanction l’était aussi – mais également<br />

un avertissement pour le reste des athlètes étant donné qu’aux pieds de ces<br />

statues on signalait que la victoire à Olympie ne devait pas s’obtenir avec<br />

de l’argent mais avec la légèreté des pieds et la vigueur du corps. Si la<br />

victoire était publique et mise en évidence pour obtenir la célébrité, l’aretè,<br />

la honte, l’était aussi et supposait la perte de cette aretè.<br />

Ce ne fut pas le seul cas de corruption. Celui de Callepos, qui paya ses<br />

adversaires pour qu’ils se laissent vaincre, eut une <strong>plus</strong> grande portée. Sa<br />

ville, la puissante Athènes, appuya son athlète, refusa de payer l’amende et<br />

boycotta les Jeux. Ce fut le dieu de Delphes lui-même qui dut régler le conflit,<br />

en déclarant qu’il ne rendrait point d’oracle à Athènes jusqu’au règlement de<br />

l’amende.<br />

L’anecdote d’un participant au pugilat pour enfants est plutôt curieuse :<br />

après avoir accepté un pot-de-vin de 3 000 drachmes pour se laisser battre,<br />

il oublia d’en exiger le paiement à l’avance et quand le vainqueur refusa<br />

de le payer il eut l’impudence de faire appel à la justice, ce qui l’obligea à<br />

admettre sa participation dans l’affaire.<br />

Beaucoup moins innocente est l’utilisation que fait Alcibiade55 de sa victoire<br />

sportive dans le cadre de la guerre du Péloponnèse en 415 avant J.-C.<br />

54. Voir note 53.<br />

55. Merci à Fernando García Romero de m’avoir fait connaître cette situation et de m’avoir<br />

fourni son magnifique texte, « Alcibíades en Olimpia », qui sert de base à ce que j´expose ici<br />

(García Romero F., « Alcibíades en Olimpia », in I. García Pinilla et S. Talavera Cuesta (dir),<br />

Charisterion. Francisco Martín García oblatum, Universidad de Castilla – La Mancha, Cuenca,<br />

2004, p. 145-154).<br />

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