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De l’éthique dans le sport : contexte historique et philosophique<br />
« L’âme religieuse se voit condamnée à une lutte énergique. C’est désormais<br />
l’infatigable athlète, elle ceint la cuirasse, prend l’épée et la lance, et comme<br />
un chevalier sans peur se lève pour guerroyer et soumettre tous les ennemis<br />
de sa divine passion. » (Ibid., p. 9)<br />
Il aura aussi cette affirmation :<br />
« On ne peut supprimer l’idée de Dieu dans l’homme, on ne peut que la<br />
défigurer et la travestir, en l’appliquant à faux […] L’être humain c’est un être<br />
intelligent et libre qui est en quête de Dieu » (Ibid., p. 17)<br />
Comment ne pas dire que la devise olympique était empreinte de religiosité,<br />
qu’elle était la traduction d’un idéal que le moine prêcheur ne pouvait<br />
oublier ?<br />
Les propos de Coubertin sont peut-être moins guerriers, mais ils sont tout<br />
aussi profonds. Associés à des remarques historiques, ils sont repris dans<br />
un contexte moins religieux, mais ils sont riches d’enseignements. Déjà en<br />
1888, il évoque le problème du protestantisme après avoir observé l’éducation<br />
telle que l’avait conçue Thomas Arnold :<br />
« Il y a, dans le rite de l’Eglise d’Angleterre, une communion qui diffère<br />
essentiellement de la communion des catholiques : cet acte n’a rien de<br />
forcé… » (Coubertin, 1898, p. 156)<br />
Cette rencontre avec une religion qui n’était pas la sienne semble avoir<br />
dominé tout le reste de son existence. Cette liberté n’était pas gratuite et<br />
servait à cultiver la responsabilité en même temps qu’elle l’inscrivait discrètement<br />
dans une atmosphère religieuse, essentiellement visible le dimanche.<br />
A ses débuts, l’action de Coubertin sera tournée vers les collèges alors<br />
que les médecins s’interrogent sur le surmenage intellectuel qu’ils auraient<br />
favorisé et que se met en place le service militaire obligatoire. Son souci<br />
était alors de montrer l’importance des jeux virils. <strong>En</strong> cherchant à rénover<br />
les jeux Olympiques, il choisit d’élever le débat : il passe à la formation de<br />
l’homme nouveau, un homme universel forgé par l’athlétisme, un homme<br />
d’action qui diffère peu de celui du père Didon.<br />
Dans la Revue olympique, Coubertin éprouve le besoin de définir le terme<br />
de religion :<br />
« La véritable religion de l’athlète antique ne consistait pas à sacrifier solennellement<br />
devant l’autel de Zeus : ce n’était là qu’un geste traditionnel.<br />
Elle consistait à présenter un serment de loyauté et de désintéressement et,<br />
surtout, à s’efforcer de le tenir strictement. Celui qui participait aux Jeux<br />
devait être purifié en quelque sorte par la profession et la pratique de telles<br />
vertus. Ainsi se révélaient la beauté morale et la portée profonde de la<br />
culture physique. » (Coubertin, 1906, p. 466)<br />
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