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Ethique et sport en Europe<br />

La dernière partie caractérisera la violence contre soi-même engendrée par<br />

les situations sportives. La mise à l’écart d’abord subie devient consentie vis-<br />

à-vis du groupe de pairs sportifs. L’attribut dévalorisé par autrui devient<br />

perçu par l’enfant lui-même comme irréversible et responsable de ses<br />

mauvaises performances sportives. Des dispositions congruentes à ce<br />

dégoût s’étendent à tous les domaines de la vie. Ces enfants développent<br />

alors des capacités à surpasser cette violence par un réajustement des goûts<br />

culturels et l’investissement dans de nouvelles pratiques en accord avec leurs<br />

nouvelles dispositions.<br />

La violence des pairs<br />

Dans cette enquête, étaient considérés comme sportifs ceux qui pratiquaient<br />

au moins une fois par semaine une activité physique ou sportive. La communication<br />

s’appuie sur une analyse de la population non sportive de l’établissement,<br />

qui s’est révélée réduite. A la question : « Pratiques-tu ou as-tu déjà<br />

pratiqué du sport en dehors des cours d’EPS ? », seulement 29 enfants, soit<br />

5,3 % du collège, ont répondu négativement. 17 filles et 12 garçons se sont<br />

déclarés non sportifs (7 élèves de 6 e , 6 de 5 e , 9 de 4 e et 7 de 3 e ).<br />

La non-pratique s’est révélée être le symptôme, chez les non-pratiquants<br />

interviewés du collège, du refus de la comparaison sociale. Cette explication<br />

est apparue et s’est confirmée à mesure des entretiens : parents ou<br />

enfants ont pour les trois quarts des cas dévoilé un passé sportif traumatisant.<br />

Béatrice (12 ans) a ainsi souffert de sa maladresse, Christophe (13 ans) de<br />

son surpoids et David (14 ans) de son corps chétif. <strong>En</strong> confrontant ces difficultés<br />

perçues comme liées inéluctablement à la nature compétitive du sport,<br />

l’enfant s’est dans chaque cas senti sous-évalué et a perçu cette infériorité<br />

comme irréversible. David clamait ainsi :<br />

« […] on se retrouve avec des gens qui ont <strong>plus</strong> ou moins… qui ont <strong>plus</strong><br />

d’expérience en sport, et les gens qui n’ont pas d’expérience en sport, et<br />

qui ont des difficultés sont… Forcément, tous les gens qui ont des difficultés<br />

en sport n’arriveront jamais à atteindre le but des autres, parce que de toute<br />

façon on les met à l’écart, donc… Ce n’est pas en étant mis à l’écart qu’on<br />

évolue forcément en faisant du sport. »<br />

Comme le note ce collégien, cette infériorité se traduit par une mise à<br />

l’écart. Cet isolement se fait ressentir d’autant <strong>plus</strong> intensément en sport que<br />

les différences de niveaux, source de cette exclusion, sont patentes : par<br />

rapport aux activités <strong>plus</strong> cérébrales, le sport est le lieu de pratiques où les<br />

disparités paraissent les <strong>plus</strong> visibles. L’activité est avant tout motrice, donc<br />

observable, différemment des disciplines davantage intellectuelles (comme<br />

le français, les mathématiques) où une mauvaise réflexion peut être masquée<br />

si elle n’est pas formulée à l’adresse du professeur. Christine Detrez rappelle<br />

à ce titre le caractère fondamental du regard qui donne lieu à une véritable<br />

contrainte, qui, par pressions ininterrompues, s’intériorise (Detrez, 2002,<br />

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