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Ethique et sport en Europe : le défi médiatique<br />

Fabien Wille 175<br />

Le XXe siècle vit en Europe l’avènement d’une société ouverte avec la libre<br />

circulation des hommes, des biens, des services et des idées (Traité de<br />

Rome, 1957 ; Traité de Maastrich, 1992). Dans le même temps, l’explosion<br />

de la communication se trouve au cœur de ce processus où les progrès<br />

techniques, les valeurs de liberté, de démocratie participent à la construction<br />

d’une forme nouvelle de citoyenneté. Comme le précise Dominique<br />

Wolton (2007), « c’est en cela que la question de la communication est une<br />

des questions scientifiques et politiques les <strong>plus</strong> importantes du début du<br />

XXIe siècle ». Le sport, au travers des spectacles et des événements produits,<br />

par sa présence massive au sein de l’espace médiatisé et par les représentations<br />

qu’il véhicule, devient lui-même support et délivre des messages<br />

polysémiques (Wille, 2008). Il confronte la question sportive à celle de<br />

l’universalité présupposée de ses valeurs et, si l’on retient principalement les<br />

déviances comme le conservatisme, le nationalisme, l’élitisme, les cultures<br />

comme génératrices de conflits et de guerres, le produit médiatique constitué<br />

par le sport offre une pluralité d’interprétations et les messages produits ne<br />

sont pas sans conséquences au sein de l’espace public.<br />

L’inscription du sport dans l’univers médiatique et marchand témoigne d’une<br />

évolution majeure, générant bon nombre de recherches scientifiques qui<br />

trouvent souvent leurs origines dans un reproche récurrent concernant la<br />

nature des relations qui lient le sport, les médias et le monde économique.<br />

La critique s’appuie, d’une part, sur le constat de la domination des enjeux<br />

financiers et, d’autre part, sur la dénonciation du pouvoir qu’exerce la télévision<br />

sur le monde sportif, comme autant d’éléments de déconstruction<br />

d’une « essence » a priori du sport. Cette idéologie sportive trouve en partie<br />

ses fondements dans des stratégies de légitimation des politiques publiques,<br />

lorsque les Etats attribuant des fonds considérables en exigeaient de <strong>plus</strong><br />

en <strong>plus</strong> le contrôle, pour des finalités hygiénistes, morales ou militaires. De<br />

<strong>plus</strong>, avec la mise en place de compétitions internationales, l’intention était<br />

d’offrir à l’opinion publique des comportements exemplaires d’un Etat qui<br />

s’imposait au regard du monde. Les journaux, dès le milieu du XIXe siècle, ont<br />

contribué à l’émergence d’un sport spectacle, ce sont des titres populaires<br />

qui organisaient les grands événements sportifs et leurs récits mobilisaient à<br />

chaque époque les techniques de communication les <strong>plus</strong> avancées (Wille,<br />

2003). Avec le développement de la télévision, la Coupe du monde 1954,<br />

175. Maître de conférences, Equipe de recherche septentrionale « Sport & Société », ER3S,<br />

université Lille Nord de France, EA 4110.<br />

151

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