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Ethique et sport en Europe<br />

non-sportifs : un « vrai sport » existerait aussi, lorsqu’il n’est pas perverti par<br />

la compétition et ses effets. L’analyse thématique montre que cette conception<br />

du sport s’accompagne de valeurs <strong>plus</strong> vertueuses. Ainsi le « plaisir », le<br />

« partage », la « liberté » s’opposent et se substituent à la « compétition », au<br />

« dopage », à la « dépendance ». De fait, lorsque les parents ou les enfants<br />

citaient un sport leur paraissant convenable, seuls des sports individuels<br />

étaient envisagés. La pratique individuelle ne nécessite en effet aucune<br />

relation avec des partenaires. Alors que les sports collectifs entraînent une<br />

comparaison des coéquipiers entre eux en <strong>plus</strong> de la compétition entre<br />

adversaires, les sports individuels se limitent, dans leur vision idéalisée, à la<br />

comparaison aux seuls adversaires, lorsqu’ils sont présents. Car les sports<br />

individuels cités par les enquêtés sont tous accessibles sans adversaire,<br />

donc praticables sans opposition à autrui : David envisage de pratiquer<br />

la natation, Christophe la musculation, tandis que Béatrice nage déjà. Et<br />

alors qu’Amandine ne semblait pas attirée de façon particulière par les<br />

sports individuels, sa mère lui en propose de toutes sortes (natation, vélo<br />

et marche). Aussi, David Plummer affirme-t-il que les sports d’équipe (par<br />

opposition aux sports individuels) sont source d’anxiété pour beaucoup de<br />

garçons et qu’il n’est pas nécessaire d’être homosexuel ou cible d’attitudes<br />

homophobes pour comprendre le risque associé aux sports d’équipe (2006,<br />

129). Les données issues du questionnaire confirment cette analyse. Les nonpratiquants<br />

déclarant souhaiter pratiquer dans le futur ont pour une grande<br />

majorité choisi des sports individuels, sans adversaires obligatoires (76,9 %).<br />

Ce constat ramène également à l’analyse de Pierre Bourdieu (1980a) affirmant<br />

que les classes supérieures privilégient les sports instrumentés, l’esthétisme,<br />

l’absence de contact direct, l’éducation et le beau geste au détriment<br />

des contacts virils et de la compétition.<br />

Un éventuel dégoût sportif peut donc ne pas être associé à l’ensemble des<br />

sports, ou à la nature entière du sport, chez les collégiens considérés dans<br />

notre étude. L’importance que revêt la compétition dans ces entretiens amène<br />

à s’interroger sur l’aridité des connaissances sociologiques concernant ce<br />

phénomène, à l’inverse par exemple du concept proche de « performance »,<br />

beaucoup <strong>plus</strong> développé sociologiquement et philosophiquement (Detrez,<br />

2002, p. 91).<br />

Les violences à soi et les voies de sortie<br />

Au final et <strong>plus</strong> précisément, les premières expériences sportives se sont<br />

révélées à chaque fois déterminantes. Béatrice s’est à la fois perçue et a été<br />

jugée comme maladroite dès le primaire. Sa mère raconte :<br />

« Parce que, très tôt, on lui a dit : “Tu es maladroite.” Elle était très maladroite<br />

étant petite. Nous, son entourage, à l’école jusqu’en CM2, elle était<br />

considérée comme, euh… maladroite. Je crois qu’en CM2 ça a été encore<br />

<strong>plus</strong> marqué, et elle s’est trouvée un peu reléguée comme ça. C’est en 6 e ,<br />

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