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Ethique et sport en Europe<br />

accidents humains, cet homme, dis-je, que nous voulons former, que nous<br />

cherchons, doit être sûr de lui, sûr de sa conduite à venir, comme il l’est de<br />

sa conduite passée… » (Cicéron, 2002, p. 37)<br />

Le contrefort religieux<br />

Coubertin et le père Didon ne pouvaient pas avoir la même approche de<br />

la déité et de cette soumission au parfait. Ce que nous retrouvons chez<br />

les deux défenseurs de l’homme d’action c’est le sens partagé de l’acte<br />

contrôlé par la volonté. Ce n’est pas pour son propre plaisir que l’homme<br />

fait du sport mais pour se développer conformément aux besoins d’une<br />

nature universelle. Ils ont lutté, autant qu’ils ont pu, contre un individualisme<br />

qui n’allait pas cesser de se développer tout au long du siècle. Dès<br />

ses premières interventions, Coubertin se distingue de Mgr Dupanloup, et<br />

son éducation athlétique de l’éducation dispensée par les jésuites. A son<br />

retour d’Angleterre, Coubertin oppose ouvertement les notions d’autorité<br />

et de respect, défendues par Dupanloup, et celles de liberté et d’indépendance<br />

chères à l’Angleterre. Les qualités physiques que le sport développe<br />

sont mises au service de l’autorité, or cette autorité est conçue autrement en<br />

Angleterre où nul ne songerait à se révolter contre un pouvoir qui ne dépend<br />

pas des hommes.<br />

Il est compréhensible que ce contrefort religieux soit <strong>plus</strong> chrétien chez le<br />

père Didon. Soldat du Christ lui-même, il n’aura de cesse de penser l’éducation<br />

des élèves d’Arcueil comme celle de futurs défenseurs d’une vérité<br />

qui pourrait être celle d’un Marc Aurèle, d’un Epictète ou d’un Cicéron. Son<br />

projet reste la formation d’un homme d’action, un homme qui ne cherche<br />

pas l’utile, sauf pour progresser vers l’honnête, et qui ne peut se contenter<br />

d’un plaisir s’il n’est pas en rapport avec un bien absolu. C’est un homme<br />

d’initiative et il importe d’apprendre à user de sa liberté. Pour Didon, l’éducation<br />

traditionnelle forme des esclaves mûrs pour la révolte et non des<br />

citoyens libres et responsables. <strong>En</strong>fin, cet homme possède une conscience :<br />

« Nous n’accepterons jamais ce règne affadi d’une certaine moralité dont<br />

on ne connaît ni la source, ni les conséquences, ni l’efficacité. » (Didon,<br />

1898, p. 181)<br />

Pour lui, l’idéal qu’il faut poursuivre ne peut être que transcendant aux sens<br />

et il ajoute :<br />

« Vérité, beauté et justice : voilà les grands continents du monde céleste où<br />

toute jeunesse doit planter sa tente. » (Ibid., p. 186)<br />

Toutefois, pour découvrir et habiter ces continents, il faut habituer cet homme<br />

d’action à l’endurance vis-à-vis de la fatigue et du mal physique, à la<br />

pratique de tous les efforts. Tout est lié. Comme le moine, l’homme nouveau<br />

doit être attiré par l’infini, c’est-à-dire par Jésus-Christ :<br />

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