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Le sport : un modèle de pratique anti-éthique<br />
Eric Billet 58 , Eric Debarbieux 59<br />
A la mémoire de Samuel Hess<br />
Notre projet de communication vise à questionner la vision enchantée de la<br />
pratique sportive et de son éthique. L’objet de la présentation est de démontrer<br />
que les situations sportives réelles vont à l’encontre d’une des principales<br />
valeurs qui a présidé à la naissance et à la perpétuation du sport : la nonviolence.<br />
La pratique sportive porte donc en elle une contradiction essentielle.<br />
<strong>En</strong> marge de sa pratique réglementaire, elle est le lieu d’actes de harcèlement<br />
répétés, aux conséquences douloureuses et durables pour les victimes. Nous<br />
allons voir dans quel contexte la pratique sportive rompt avec ce principe de<br />
non-violence et devient qualifiable de pratique anti-éthique.<br />
Au travers d’une enquête constituée de huit longs entretiens (un échantillon<br />
de collégiens ainsi que leurs parents) et de 686 questionnaires auprès de<br />
jeunes collégiens, nous développerons l’idée que les situations sportives<br />
collectives peuvent être porteuses d’une violence de type bullying, engendrant<br />
un processus d’exclusion d’une catégorie de pratiquants par leurs<br />
propres pairs. Cette analyse est issue d’une recherche sur les collégiens non<br />
sportifs d’un collège favorisé d’un centre-ville breton. C’est par l’analyse<br />
thématique des entretiens menés sur un échantillon de ces non-pratiquants<br />
(n = 4) que sont apparues les multiples expériences sociales de violences,<br />
développées dans un contexte sportifs.<br />
La première partie tentera de caractériser la violence exercée par les pairs<br />
sur cette catégorie de pratiquants dévalorisés. Nous montrerons que le<br />
soubassement du processus d’exclusion concerne l’échec répété dans les<br />
situations sportives. Le processus d’exclusion se focalise alors sur un attribut<br />
dévalorisant de l’enfant, perçu par lui-même mais aussi dévalué par ses<br />
pairs. Le processus d’exclusion est marqué par des périodes répétées de<br />
harcèlements.<br />
Notre deuxième partie cherchera à éclaircir la violence institutionnelle, c’està-dire<br />
ce qui, dans les situations collectives de pratique sportive, provoque<br />
cette exclusion et finit par engendrer un dégoût de la pratique chez ces<br />
victimes. L’analyse des entretiens et du réajustement des goûts culturels de<br />
ces jeunes collégiens désigne la compétition – organisée ou diffuse – comme<br />
principal facteur de ce harcèlement en situations sportives.<br />
58. Moniteur à l’université Bordeaux-Segalen, laboratoire ERCEF.<br />
59. Professeur des universités à l’université Bordeaux-Segalen, directeur du laboratoire ERCEF.<br />
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