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Ethique et sport en Europe<br />
et il suffit d’aller sur le site officiel de cette instance pour s’apercevoir qu’il<br />
n’est pas rare qu’on se félicite de cette augmentation. <strong>En</strong>fin, se mettre au<br />
diapason de la loi de 2005 sur le handicap permet à cette fédération de<br />
donner une image <strong>plus</strong> positive.<br />
Stratégie qui paye et semble occulter certains faits. Toujours selon les deux<br />
responsable handiboxe de Grenoble : « Les cadres à Paris disent simplement<br />
: “Mais tu crois que j’ai que ça à faire ?” » On voit que si le collectif a<br />
réussi quelque chose, il reste lui-même assez isolé au sein de la fédération.<br />
Le sport pour tous, la compétition pour tous<br />
et l’usage social du sport<br />
Nous ne ferons pas ici une revue de littérature. Il sera question plutôt de<br />
montrer les postulats posés par certains auteurs qui, nous semble-t-il, ont<br />
trouvé un écho au travers de la handiboxe, tout en contredisant le caractère<br />
« total » de certains d’entre eux.<br />
Pour Auguste Listello, dès 1964 : « Mais nous affirmons <strong>plus</strong> encore que :<br />
l’éducation physique ne doit pas être réservée aux seuls individus valides<br />
(champions ou non). Tous (sauf contre-indication médicale), du sexe féminin<br />
ou masculin, qu’ils soient enfants, adolescents ou adultes, y ont droit, qu’il<br />
s’agisse d’individus valides, de diminués physiques, de handicapés auditifs<br />
ou visuels ou de handicapés mentaux aptes à vivre en société et pour<br />
lesquels on aura bien soin de ne retenir que des activités ne représentant<br />
aucun danger. » (Clerc, Crenn et Listello, 1964, p. 9)<br />
Le fait que la pratique soit sans danger ne signifie-t-il pas un discrédit de la<br />
pratique de la boxe ? Pratique vue comme très dangereuse. <strong>En</strong> effet, comme<br />
l’a écrit Norbert Elias, les mœurs sont dans une certaine mesure en train<br />
de changer et ce changement touche aussi la pratique de la compétition et<br />
même de la confrontation directe, avec le préjugé qui veut que les handicapés<br />
mentaux « partent au quart de tour ».<br />
Pour Gilles Bui-Xan et Michel Brunet (1999, p. 286), il s’agit également<br />
d’un postulat : « Les activités physiques et sportives sont elles-mêmes l’enjeu,<br />
car elles représentent un bon indicateur de prise en compte de cette notion<br />
d’éducabilité. Elles sont à la fois la garantie et l’aboutissement d’une nouvelle<br />
considération des personnes handicapées mentales, capables donc d’être<br />
éduquées, mais aussi capables de travailler, et par là même capables d’apprécier<br />
le loisir ». Si la réponse apportée ici met l’accent clairement sur l’éducation,<br />
il n’en demeure pas moins que la compétition a des vertus éducatives<br />
et Bui-Xan, tout comme Serge Bluteau, semble le penser.<br />
D’ailleurs, les propos de Serge Bluteau peuvent compléter ceux qui précèdent<br />
: « Il ne me paraît pas en effet souhaitable de faire s’affronter dans une<br />
épreuve de course de vitesse, par exemple, un individu pour qui les notions<br />
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