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La boxe anglaise enseignée aux handicapés
mentaux et physiques : quelles pratiques
pour quelle éthique ?
Martial Meziani 176
Le cadre dans lequel s’effectue cette réflexion est une thèse en sciences
sociales : une étude comparative entre boxe et capoeira enseignées aux
handicapés. Cette recherche s’oriente sur deux axes principaux : la ritualisation
des pratiques et la socialisation des individus. Ces deux concepts ont
comme trame commune la maîtrise des émotions et particulièrement celles qui
se traduisent par la violence. La socialisation « désigne le processus d’assimilation
des individus aux groupes sociaux » (Boudon et Bourricaud, 2000,
p. 527). Ainsi, la « socialisation produit une intériorisation de normes, de
valeurs, de structures cognitives et de savoirs pratiques » (ibid., p. 531). Pour
la ritualisation, il s’agira de comparer les deux façons de ritualiser, c’est-à-dire
d’analyser les règles, les codes et les rapports à la violence. Par ritualisation,
nous entendons la façon dont sont codifiés les rapports moteurs et sociaux.
Il est donc question de comparer la ritualisation de la violence et la socialisation
des individus à travers ces deux activités chez les handicapés, terme
à prendre au sens commun du mot, puisque c’est sous cette définition que la
Fédération française de boxe (FFB) a créé la licence handiboxe.
Cette étude comparative a une visée plus qualitative que quantitative. D’une
part, le nombre de cours de boxe accueillant des handicapés n’est pas élevé
et la visibilité n’est pas de mise. D’autre part, pour savoir ce que font réellement
enseignants et élèves il faut surtout, en plus de faire des entretiens,
pouvoir observer des cours.
Dans la réflexion qui nous occupe ici, il s’agira de montrer la position de
certains enseignants de boxe face à la ritualisation de la violence dans
leur pratique. Nous verrons qu’il existe une ligne de tension entre certains
enseignants et la FFB. Si le handicap physique ou moteur semble poser des
problèmes d’organisation au niveau de la confrontation directe, c’est surtout
le handicap mental qui semble poser des réticences.
Ainsi, les professeurs semblent se poser la question de la pertinence de la
confrontation directe chez les handicapés mentaux. L’idée du développement,
de l’épanouissement est au centre, tout comme le fait que, selon les
enseignants, les élèves handicapés qu’ils accueillent ne viennent pas dans
176. Doctorant Paris-Descartes, Axe 4 du GEPECS : jeux, sports et sociétés européennes,
chargé d’enseignement UVSQ-Staps.
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