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Et si Dieu nous regardait courir ?<br />
Gilbert Andrieu 60<br />
Le sport et la morale font bon ménage mais cette relation permet aussi de<br />
faire de beaux discours. La morale qui vaut essentiellement pour les autres<br />
est souvent une valeur ajoutée.<br />
Retenons que le XXe siècle est marqué par les écrits d’Emile Durkheim. Il suffirait<br />
de relire son traité sur L’éducation morale pour voir que sa thèse consiste<br />
à opposer l’individu à la société.<br />
« Il est de toute évidence qu’en dehors de l’individu il n’existe qu’un seul<br />
être psychique, un seul être moral empiriquement observable, auquel notre<br />
volonté puisse s’attacher : c’est la société. Il n’y a donc que la société qui<br />
puisse servir d’objectif à l’activité morale… » (Durkheim, 1992, p. 56)<br />
Le temps lui a donné raison mais cette morale n’a-t-elle pas servi ceux qui ne<br />
souhaitaient pas se soumettre à un examen de conscience ?<br />
L’histoire du sport est associée à celle de la morale depuis la fin du XIXe siècle.<br />
Ce qui caractérise cette association en faveur de la formation du caractère<br />
c’est le rapport au moi décrié par Durkheim. Le sport moralise en atteignant<br />
l’individu dans sa nature profonde et la morale ne se limite pas au respect<br />
de la règle ou à la soumission de l’individu au groupe.<br />
Si l’œuvre de Pierre de Coubertin est une référence, moins souvent celle<br />
du père Didon, encore moins souvent celle des stoïciens, c’est bien souvent<br />
pour faire croire que le sport est toujours moralisateur.<br />
Si Pierre de Coubertin s’appuyait sur l’Antiquité, c’est parce qu’il voulait<br />
défendre non pas un délassement sportif, non pas un spectacle et un<br />
commerce, non pas une pratique distinctive, mais un type d’homme et <strong>plus</strong><br />
largement un type de rapport humain dans lequel le respect mutuel devait<br />
être fondamental. Non seulement il voulait atteindre l’homme en soi mais il<br />
voulait que ce dernier puisse servir de modèle à l’échelle universelle.<br />
Le stoïcisme chez Pierre de Coubertin<br />
et le père Henri Didon<br />
<strong>En</strong> 1889, Coubertin oppose l’éducation défendue par M gr Dupanloup et<br />
l’éducation qu’il a pu observer en Angleterre. Ce qui est au cœur de son<br />
discours ce sont les préceptes et les maximes qui constituent cette éducation<br />
60. Professeur des universités retraité.<br />
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