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Nouveaux défis pour l’éthique sportive<br />
<strong>En</strong>fin, le Ring grenoblois accueille de deux à sept handiboxeurs, tous<br />
encadrés pendant les cours valides, sauf les mardis et jeudis, où c’est un<br />
instructeur fédéral, lui-même atteint d’une maladie orpheline, qui donne le<br />
cours aux personnes handicapées motrices et aux valides.<br />
<strong>En</strong> juin 2008, la FFB a organisé, sous l’impulsion du collectif handiboxe,<br />
le challenge Gilbert-Joie. <strong>En</strong> septembre de la même année, la licence<br />
handiboxe a été créée. Le fait que des handicapés physiques fassent des<br />
compétitions ne pose pas un problème de principe. Cela dit, les modalités<br />
d’organisation de la confrontation posent question. Ainsi Giovanni, enseignant<br />
à Pont-Sainte-Maxence, parlant des catégories d’une façon générale :<br />
« Ces difficultés de catégories des boxeurs se doublent du fait qu’un jeune<br />
adolescent de 13 ans et une femme de 66 ans peuvent rivaliser. » Ils ont fini<br />
au coude à coude, « 10 à 9 pour Mauricette », lors d’un cours. Un professeur<br />
lors d’un entretien : « Les compétitions, d’accord, mais maintenant, il<br />
faut se poser la question des catégories. D’abord, il y a le sexe, puis le<br />
poids et enfin le handicap. » Un handiboxeur de Levallois, fier des deux<br />
matchs handiboxe déjà à son actif, reconnaît qu’il a eu du mal à résister aux<br />
coups de son premier adversaire. <strong>En</strong> effet, s’il pèse 60 kilos, son adversaire<br />
en faisait le double.<br />
Concernant le handicap mental, les réactions sont différentes. L’enseignant<br />
de Sarcelles ainsi que celui des Mureaux sont contre cette perspective. Pour<br />
ce dernier : « Cela dépend du handicap. Si c’est un handicap seulement<br />
physique, oui. Handicapés comme les miens, y avait pas de compétitions. Je<br />
ne sais pas, il faut trouver d’autres moyens. Pas de concurrence entre eux…<br />
je veux dire non. »<br />
A Levallois : « Je pense que l’esprit de compétition avec ce genre de, ce n’est<br />
pas ce qu’ils demandent. Ce sont les gens qui veulent paraître, se mettre en<br />
avant. Ils veulent prendre ça pour… Ce n’est pas le but. Les enfants… ces<br />
enfants-là, n’ont pas besoin d’être en compétition. Ce n’est pas le but. Dans<br />
leur tête, ce n’est pas le but recherché. Pour moi, ce n’est pas la compétition<br />
que je recherche. Et le genre de compétition que cela pourrait être, ce serait<br />
quoi ? […] Mais pas de compétitions. Une compétition bloque. »<br />
Alors que les enseignants rencontrés ne comprennent pas le bien-fondé de<br />
faire des compétitions pour handicapés mentaux, l’un des responsables de<br />
ce collectif, lors d’une discussion, signale que les « professionnels étaient<br />
même étonnés de les voir accepter comme cela la frustration », celle de<br />
prendre des coups, celle de perdre, d’avoir peur.<br />
A Levallois, on va jusqu’à interdire tout coup au visage, car « le traumatisme,<br />
c’est au niveau de la tête ». La peur d’un coup trop violent au visage l’emporte<br />
sur toute forme d’éducation à la touche, comme en boxe éducative.<br />
Cette volonté du contrôle le <strong>plus</strong> poussé vient de l’a priori selon lequel « les<br />
autistes et les trisomiques n’ont pas de relations sexuelles et sont donc très<br />
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