Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Ethique et sport en Europe<br />
le ministère de la Santé et des Sports est l’une des administrations qui offrent<br />
le moins de convention d’insertion professionnelle (CIP) :<br />
« Je vais prendre un exemple extrêmement simple, on est un secrétariat aux<br />
Sports, nous sommes rattachés au ministère de la Santé, on a pensé limiter<br />
les contacts avec notre propre ministère pour que le ministère de la Santé<br />
puisse recruter des SHN en CIP. […] On n’a pas rencontré à ce jour un écho<br />
positif pour permettre au sein même de notre administration de recruter des<br />
SHN en activité. Il faut voir qu’on était il n’y a pas si longtemps le mauvais<br />
élève. » (Responsable du suivi socioprofessionnel au secrétariat d’Etat aux<br />
Sports)<br />
Le parcours d’excellence sportive (PES) :<br />
entre projet rationnel, rationalisation des filières<br />
d’accès au haut niveau et effets pervers<br />
<strong>En</strong> instaurant les parcours d’excellence sportive, le secrétariat d’Etat aux<br />
Sports entend favoriser la performance d’une élite restreinte. Cette mesure<br />
s’inscrit bien dans la logique de la valorisation d’un Etat et d’un système<br />
politique à travers une activité sociale qui possède des « fonctions politiques<br />
internes et externes » 171 . Si les PES constituent un projet politique ambitieux,<br />
leur mise en œuvre s’est avérée délicate. Le manque de précision concernant<br />
leur construction, l’évolution des listes, l’attribution des moyens ne peut,<br />
dans l’état, que conduire à la précarisation d’un certain nombre d’athlètes.<br />
Les PES s’inscrivent dans une préoccupation pragmatique qui consiste à se<br />
demander comment la mise en place d’une nouvelle politique d’accompagnement<br />
du haut niveau peut conduire à une politique efficace et économe<br />
de l’argent public, mais néglige les effets pervers qu’elles peuvent introduire<br />
? Néanmoins, la mesure phare que constitue la réduction du nombre<br />
de SHN des deux tiers, dans un délai certes non fixé, n’est pas sans reposer<br />
le problème du statut des SHN et de leurs revenus. Sans revenir sur l’analyse<br />
effectuée dans le paragraphe précédent, il faut se souvenir que seule<br />
la catégorie « haut niveau » (élite, seniors, jeunes et reconversion) bénéficie<br />
des avantages liés à ce statut. Les espoirs et partenaires d’entraînement ne<br />
sont pas considérés comme des SHN et leur statut ne leur octroie que des<br />
droits très limités en dehors des aménagements de scolarité pour la catégorie<br />
espoirs. <strong>En</strong> réduisant le nombre de SHN, l’objectif est clair : il s’agit<br />
de concentrer les moyens sur un nombre restreint d’athlètes pour favoriser la<br />
performance. Cet objectif est clairement perçu par tous les acteurs :<br />
« Oui voilà… une réduction des sportifs de haut niveau, recentrer les moyens<br />
[…] on est dans une logique de beaucoup <strong>plus</strong> rationaliser les moyens<br />
171. Brohm J-M. (1976). Sociologie politique du sport. Nancy, PUN, édition 1992.<br />
134