Dépasser Stanislavski - Maison Jean Vilar
Dépasser Stanislavski - Maison Jean Vilar
Dépasser Stanislavski - Maison Jean Vilar
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Ce fou de Platonov<br />
Régie de <strong>Jean</strong> <strong>Vilar</strong><br />
En 1956, l’honneur de la création mondiale de Ce Fou de<br />
Platonov (encore qu’il existe une information imprécise<br />
sur une représentation antérieure en Suède) revient à<br />
<strong>Jean</strong> <strong>Vilar</strong> à qui Pol Quentin avait apporté une adaptation<br />
étrangement amputée du premier acte. Écrite à l’âge de<br />
vingt-quatre ans par Tchékhov, la pièce avait été refusée,<br />
retravaillée puis abandonnée au profi t d’Ivanov. Énorme<br />
projet par ses personnages et ses thèmes foisonnants, <strong>Vilar</strong><br />
avait identifi é les forts caractères féminins et la faiblesse des<br />
hommes sur fond de perte de la propriété foncière comme<br />
dans La Cerisaie, tout en affi rmant la cocasserie tragique de<br />
la vie de province. On se prend à rêver sur la qualité de la<br />
distribution qui réunissait, outre <strong>Jean</strong> <strong>Vilar</strong>, Maria Casarès,<br />
Monique Chaumette, Christiane Minazzoli, Roger Mollien,<br />
Daniel Sorano, Georges Wilson, <strong>Jean</strong>-Pierre Darras, <strong>Jean</strong><br />
Topart, Philippe Noiret… Dans les notes inédites que nous<br />
publions ici, on verra comment, quoique la pièce fi nisse<br />
tragiquement, <strong>Jean</strong> <strong>Vilar</strong> en soulignait la tonalité drôle, vive,<br />
humoristique.<br />
Acte I<br />
Scène I : Triletzki, Bourgrov, Glagolaiev Père<br />
Cette première scène est vivement enlevée. Ne perdez pas<br />
de temps au cours des premières répétitions à « chercher »<br />
votre personnage. Vous le trouverez peu à peu en collant<br />
répliques à répliques, prenant un ton chaud, élevé.<br />
D’ailleurs, l’atmosphère du premier acte est celle d’une fête,<br />
d’une soirée exceptionnelle en province. On y danse, on y<br />
boit beaucoup, on rit, on vit haut, tout cela pour masquer<br />
pendant au moins un soir l’indigence de la vie. C’est d’autant<br />
plus forcené.<br />
Triletzki n’est pas tout a fait saoul. Il est habillé de vêtements<br />
élimés.<br />
Glagolaiev est un monsieur de très bonne compagnie, riche,<br />
très soigné, un peu lourd car il est assez âgé. Dans cette<br />
scène comique d’apparence, Glagolaiev ne rit pas et le jeu<br />
doit être sans effet. Il est très richement habillé. Barbes,<br />
moustaches, perruques blanches.<br />
Bougrov, il n’a ici qu’une réplique. Ne pas insister, ce n’est<br />
pas [dans cette] scène que le personnage peut se dessiner.<br />
Mise en place descendant les marches (fond), les 2 sont<br />
poursuivis par Triletzki, très en verve et gai.<br />
Bougrov s’éloigne côté jardin. Triletzki et Glagolaiev<br />
descendent au centre du plateau. Faire une mise en place<br />
simple mais en mouvements dans le sens : Triletzki poursuit<br />
Glagolaiev qui s’échappe à tout coup.<br />
55