28.06.2013 Views

Dépasser Stanislavski - Maison Jean Vilar

Dépasser Stanislavski - Maison Jean Vilar

Dépasser Stanislavski - Maison Jean Vilar

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Le problème est de défi nir ce qu’est une œuvre originale.<br />

N’importe quelle création peut bénéfi cier d’une présomption<br />

d’originalité. Mais on peut la contester.<br />

« Dans le sens juridique, pour être originale, une traduction<br />

doit refl éter la personnalité de son auteur. La SACD ne<br />

peut décider si oui ou non une adaptation est originale. On<br />

est là dans le subjectif. S’il y a un confl it, l’estimation de<br />

l’originalité appartient au juge qui fera appel aux experts et<br />

procédera par analogie ou par comparaison. »<br />

Il est relativement fréquent que le metteur en scène, pour<br />

monter une pièce, utilise divers morceaux de traductions<br />

différentes ou même ses propres improvisations sur la pièce<br />

en y effectuant des coupes et des modifi cations.<br />

« Juridiquement, le metteur en scène qui veut procéder<br />

à des coupes doit demander l’autorisation. À partir du<br />

moment où une œuvre est protégée, on ne peut la modifi er<br />

sans autorisation du traducteur, lequel est en droit de s’y<br />

opposer en vertu du droit moral, c’est-à-dire du droit au<br />

respect de l’intégrité de l’œuvre. Si le metteur en scène n’a<br />

pas demandé l’autorisation, le traducteur peut enter une<br />

action en justice sur le fondement de la violation de son<br />

droit moral. »<br />

Dans le cas de fi gure où le traducteur accepte qu’il y ait des<br />

modifi cations faites à sa traduction par un metteur en scène<br />

ou un adaptateur s’agira-t-il pour autant d’une œuvre en soi,<br />

justifi ant le partage des droits entre l’auteur de la traduction<br />

et l’adaptateur ?<br />

« Ceci se passe de gré à gré. Le traducteur peut autoriser les<br />

coupes ou les modifi cations en refusant en même temps que<br />

le metteur en scène ou l’adaptateur soit mentionné dans le<br />

bulletin de déclaration et qu’il y ait partage des droits. Dans<br />

certains cas où les choses se font en étroite collaboration,<br />

le traducteur peut, estimant que l’apport de l’adaptateur est<br />

réel et original, accepter le partage des droits. »<br />

Du point de vue économique pour le partage des droits<br />

entre l’auteur original et le traducteur il n’y a pas de règles<br />

précises : il peut être de 50 %, 60 % et 40 %, mais il peut<br />

y avoir 70 % et 30 %, voire dans certains cas d’œuvres<br />

littéraires adaptées pour le théâtre 80 % et 20 %.<br />

« Dans le cas des œuvres de Tchékhov, c’est le traducteur<br />

qui est considéré comme l’auteur. La SACD va percevoir<br />

les droits et garder une partie qu’on appelle l’emprunt au<br />

domaine public, reversé à une caisse collective servant à<br />

tous les auteurs vivants, pour des actions sociales. Le reste<br />

des droits perçus est reversé au traducteur.<br />

Dans le cas de montage de diverses traductions, le metteur<br />

en scène doit reverser une part des droits à chacun des<br />

traducteurs. S’il ajoute des choses personnelles et s’il estime<br />

qu’elles sont originales, il va apparaître avec un partage des<br />

droits sur le bulletin de déclaration en tant qu’adaptateur.<br />

Mais cela peut être contesté s’il n’a pas demandé et obtenu<br />

les autorisations des traducteurs dont il a exploité des bouts<br />

de traduction. »<br />

Il arrive qu’un éditeur détienne les droits soit de l’œuvre<br />

originale soit de sa traduction.<br />

« Il y a parfois une succession d’éditeurs : l’éditeur de<br />

l’œuvre originale auquel l’auteur a cédé ses droits, l’éditeur<br />

de la traduction qui normalement a une autorisation de<br />

l’éditeur original pour éditer la traduction. Si le traducteur a<br />

cédé ses droits à l’éditeur de la traduction, l’autorisation de<br />

représenter l’œuvre est demandée à ce dernier.<br />

Tout dépend aussi du contrat que celui-ci a avec l’éditeur de<br />

l’œuvre originale : le droit de représentation théâtrale a-t-il<br />

été cédé ou pas. »<br />

Propos recueillis par Irène Sadowska-Guillon<br />

PRÉCISION : Dans le numéro 109 de nos Cahiers (page 12),<br />

il est fait allusion à certaines diffi cultés d’obtention des<br />

droits de représentation d’une pièce de Brecht par André<br />

Benedetto. Claude Brulé, qui eut l’honneur de présider la<br />

Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (SACD),<br />

nous demande de préciser que l’honorable Société n’a pas le<br />

pouvoir d’autoriser ou de refuser des droits de représentation :<br />

elle est mandataire de l’auteur ou de ses ayants-droit qui lui<br />

transmettent leurs consignes. Dont acte.<br />

Oncle Vania, Théâtre d'Art de Moscou, 1899.<br />

Collection Musée du Théâtre d'Art.<br />

LES CAHIERS DE LA MAISON JEAN VILAR – N° 110 84

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!