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Dépasser Stanislavski - Maison Jean Vilar

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Le moins<br />

métaphysicien<br />

des écrivains russes<br />

Vladimir Volkoff<br />

Tchékhov passe pour le moins métaphysicien des écrivains<br />

russes. Ce n’est pas assez de dire qu’il n’a ni doctrine ni<br />

idéologie : une pensée sortant tant soit peu du commun lui<br />

paraîtrait de mauvais goût. À part Pouchkine, il est à peu<br />

près le seul des plus grands à ne pas proposer de recette<br />

pour sauver le monde. Quant à philosopher sur l’existence<br />

de Dieu et l’immortalité de l’âme, il n’y songe même pas.<br />

En apparence.<br />

En réalité, il y a bien une philosophie qui baigne toute<br />

son œuvre, philosophie peut-être inconsciente, à coup<br />

sûr inséparable à la fois de son génie d’écrivain, de sa<br />

profession de médecin et de la bienfaisance qu’il exerça<br />

libéralement dès qu’il en eut les moyens. Cette philosophie,<br />

c’est justement la compassion, et c’est dans cette unité de<br />

Tchékhov écrivain-médecin-homme, dans la convergence<br />

de ses talents (au sens scripturaire du terme), qu’il faut<br />

chercher la fi ne pointe de son originalité. C’est une question<br />

classique de savoir si un être méchant peut être un bon<br />

artiste. Elle ne se pose pas à propos de Tchékhov. Il éprouve<br />

une intense compassion pour ses personnages comme<br />

il éprouva une intense compassion – je ne dirai pas pour<br />

l’humanité, mais pour les hommes : cet homme-ci et cet<br />

homme-là. Et, la cruauté de son analyse n’étant que l’autre<br />

face de cette extrême et compatissante attention, de là<br />

provient cette impression que l’on a, après avoir travaillé sur<br />

son œuvre, de connaître un homme débonnaire et rassurant,<br />

qui pardonne tout (ou presque), avec qui il fait bon passer<br />

un moment : Anton Pavlovitch.<br />

Préface à Nouvelles d’Anton Tchékhov,<br />

L’Age d’Homme, 1993<br />

réédition La Pochothèque, Le Livre de poche<br />

L'épouse de Tchékhov, Olga Knipper,<br />

dans La Cerisaie, 1911.<br />

Collection Musée du Théâtre d'Art, Moscou.<br />

<br />

LES CAHIERS DE LA MAISON JEAN VILAR – N° 110 90

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