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126 JOURS DE FAMINE ET DE DÉTRESSE<br />
Où les enfants pleuraient toujours de malaise et<br />
de faim. Là; il faisait tranquille et exquis : je<br />
pouvais m'isoler, et me raconter des histoires ou<br />
lire les « Mystères de Paris ».<br />
J'étais Fleur-de-Marie, et quand Rodolphe me<br />
reconnaissait comme sa fiUe, je ne faisais que<br />
changer de robe pour être une princesse, en<br />
avoir les épaules, les mains blanches et le lan-,... .<br />
gage. J'aurais grasseyé : les riches grasseyent. Ce<br />
n'est pas moi qui aurais embêté mon prince de<br />
père pour rentrer à l'impasse, comme Fleur-de<br />
Marie pour retourner à la Cité : non, je l'aurais<br />
supplié qu'il en retirât les miens. Etre princesse<br />
sans Klaasje et Kesj e, m'en enlevait tout le<br />
goût. Mère et Mina y retourneraient certaine<br />
ment, les jours où eUes" mettraient des robes<br />
neuves.<br />
Dieu ! que la femme Segers va rager ! Elle se<br />
cachera en les voyant venir. Puis la propriétaire,<br />
qui n'a aucune pitié de nous maintenant que<br />
père est en prison, sera bien déconfite aussi<br />
quand on partira en lui payant l'arriéré, et en<br />
laissant tout dans la chambre. On lui dira :<br />
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/ « Nous n'emportons pas ces guenilles, donnez-les<br />
aux pauvres. Nous sommes des Princes ».<br />
Mes rêves ne me faisaient cependant pas<br />
oublier la réalité. Je ne vend gis rien sur les<br />
•<br />
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