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142 JOURS DE FAMINE ET' DE DÉTRESSE<br />
Ma sœur m'avait, une fois, conduite dans cet<br />
endroit. J'avais quinze ans. J'étais blonde et<br />
fraîche, un vrai poulet de grain. Je n'avais guère<br />
de chair, mai une fine peau gainait une char<br />
pente des plus flexibles, une petite croupe haute<br />
et étroite, deux tétons menus comme de gros<br />
bourgeons, où la sève montait lancinante et que<br />
je protégeais ( t'instinct de mes deux mains.<br />
La tenancière avait insinué que des petites<br />
comme ça étaient fort demandées. Oh ! rien que<br />
pour montrer leurs jambes à de.. vieux messieurs<br />
tout à fait respectables. Rien, rien à craindre !<br />
J'avais été très indignée quand j'eus compris ce<br />
que ma sœur était devenue et où elle m'avait con<br />
duite, et je l'avais traitée de p ù tain.,<br />
J'étais, à cette époque, en service chez des dia<br />
mantaires j uifs, ; qui, pendant une longue crise<br />
de l'industrie du diamant, s'étaient faits mar<br />
chands de vieux habits. Le ménage se composait<br />
d'une dizaine de personnes : tout cela grouillait<br />
dans une grande chambre et un réduit; on fai<br />
sait, le soir, les lits par terre. L'argent qu'ils<br />
gagnaient passait à la nourriture, de préférence<br />
des douceurs,_et à des toilettes voyantes. J'étais<br />
chez eux comme un enfant de la maison et dor<br />
mais avec les deux fillettes de mes patrons. Tous