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148 J.OURS DE FAMINE El' DE D&TRESSE<br />
ger, qu'au moins on mangeait bien, qu'il avait<br />
eu quatre petits pains. Moi, je n'avais rien pris :<br />
j'avais la gorge serrée et l'estomac fermé, Jet<br />
chez nous, on ne demandait jamais si on vou<br />
lait manger : on ne donnait qu'à celui qui récla<br />
mait.<br />
Dans les écluses de Hansweert, des Zélandai- -<br />
ses descendirent sur le bateau pour vendre des<br />
cerises. J'en aurais bien mangé, des cerises, si<br />
seulement j'avais eu quelques «' cents » pour en<br />
acheter. Je n'avais jamais vu i e costume zélan<br />
dais, et fus tout à fait séduite par le beau bonnet<br />
de dentelle, à larges ailes, et les ornements d'or<br />
attachés de chaque côté des tempes. Le riche<br />
collier en corail et le corsage à fleurs brodées, .<br />
m'attiraient spécialement. J'aurais voulu être<br />
paysanne zélandaise pour pouvoir m'habiller<br />
ainsi ; même l'amoncellement des jupes, qui les<br />
faisait rondes comme des cloches, me plut. En<br />
remontant l'échelle, une des Zélandaises eut sa<br />
jupe soulevée par le vent, et l'on vit qu'elle ne<br />
portait pas de pantalon. Ah ! la joie que cela<br />
provoqua ! Je fus surtout écœurée des rires des<br />
femmes, parmi lesquelles ma sœur Mina qui<br />
s'était fait offrir des cerises ; je lui jetai entre les<br />
dents : -« Salope ! » l'::i<br />
A Anvers, mon père nous attendait sur le