You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
FABRIQUE DE CHAPEAUX 151<br />
travail reprit fiévreux. Je trouvais très jolie, en<br />
entrant dans Iii.. salle, la buée argentée, où ces<br />
jeunes bras nus et ces chevelures de toutes nuan<br />
ces se démenaient dans une grande activité; mais<br />
quand il me fallut respirer les émanations qui<br />
s'en dégageaient, cette impression presque in<br />
consciente de beauté se dissipa bientôt.<br />
On me conduisit vers une je ù ne femme qui<br />
devait me mettre au courant : elle me reçut assez<br />
mal, 'car, comme on travaillait à la pièce, s'occu<br />
per de moi était pour elle une perte de temps.<br />
Le travail consistait à tremper dans l'eau<br />
vitriolée de longs bonnets en laine, ' et à les en<br />
rouler en les frottant sur une tablette attenante<br />
aux bacs. On répétait l'opération jusqu'à ce que<br />
le bonnets fussent assez rétrécis pour en façon<br />
ner des chapeaux de feutre. On suait abomina<br />
'blement à cette besogne, et, par . cet hiver glacé,<br />
to u tes presque toussaient. L'eau était très chaude,<br />
l'acide corrosif : mes ongles se ramollirent en<br />
quelques heures, et se cassèrent, en laissant dé<br />
passer un gros bourrelet de chair au bout de<br />
chaque doigt. A l'heure dy déjeuner, mes mains ,<br />
étaient si gonflées et si douloureuses que je ne<br />
pus presque tenir ma tartine. Pendant ce repas,<br />
mon interrogatoire commença :<br />
Comment je m'appelais ?