You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
82 JOURS DE FAMINE ET' DE DÉTRESSE<br />
voisine. Sur l'impasse, donnait la porte de der<br />
rière d'une maison du Nieuwendyk : ou l'ouvrit,<br />
,et on nous permit de déposer dans un couloir<br />
.<br />
quelques objets et les enfants.<br />
. La chambre vidée, l'huissier la ferma. Nous<br />
étions sans demeure en plein hiver, a v ec neuf<br />
enfants, dont un à la mamelle, et cela pour une<br />
dette de quatre florins.<br />
Quand le berceau fut dans le couloir avec tout<br />
ce qu'on pouvait y remiser, ma mère me dit de<br />
garder les petits, qu'elle irait chercher un gîte<br />
pour la nuit. J'ai perdu le souvenir de ce que fit<br />
mon père. Ma mère resta très longtemps absente.<br />
Il commençait à faire noir dans ce couloir, oil<br />
on nous laissait sans lumière, par crainte d'in<br />
cendie. Quelques-uns des enfants pleuraient. de<br />
faim et de froid ; d'autres s'endormirent dans des<br />
coins, sur le carreau. Moi, je bçais le bébé dans<br />
mes bras, mourant de frayeur et d'inquiétude.<br />
Je sanglotais ; de temps en temps, j'appelais à<br />
haute voix ma mère, puis n'osais plus bouger de<br />
peur des revenants, dont elle nous avait conté<br />
les exploits. Enfin elle arriva : tous les enfants<br />
se mirent à crier à la fois. Aidée par une des<br />
servantes de la maison, ma mère nous emmitou<br />
fla le mieux qu'elle put. Mon frère Hein dormait<br />
si profondément qq'on ne parvint pas à le :ç