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68 JOURS DE FAM!NE El' DE DÉTRESSE<br />
•<br />
Oui, Mademoiselle. Mes bas sont mouillés<br />
parce qu'il y a des trous dans mes sabota.<br />
Elle continua de passer à l'amidon ses bon<br />
nets blancs, -et le devant de chemise que son<br />
mari portait le dimanche. Ses mouvements<br />
étaient mous, mais sûrs. Elle était vêtue, comme<br />
toujours, d'un jupon de mérinos noir, large de six<br />
aunes, et d'un caraco en indienne' lilas, dont le<br />
corsage aux épaules tombantes et les basques<br />
descendant jusqu'aux . genoux, se fronçaient<br />
autour de la taille. Comme chaussures, des bas<br />
blancs et des pantoufles en tapisserie verte, à<br />
fleurs rouges. Autour du cou dégagé, elle portait<br />
un collier de quatre rangés' de coraux, à fer<br />
moir en filigrane d'or ; aux oreilles, de longs<br />
pendants en corail. Elle était coiffée de ban::'-<br />
deaux, blond sable, luisants de pommade,- qui lui<br />
couvraient les oreilles, et d'un bonnet blanc<br />
tuyauté dont les rides pendaient sur le dos. Le<br />
frémissement continu de ses narines dilatées et<br />
son regard bleu qui vous jaugeait, me causaient<br />
toujours un malaise : je n'aurais pas aimé la<br />
fâcher.<br />
La bonne chaleur du ' poêle me tapa légère<br />
ment à la tê\e : tout me sembla voilé. Je regar<br />
dais avec étonnement, à chacune de mes visites,<br />
cetté chambre, au plafond bas à poutres couleur<br />
)