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TROISIÈME EXODE 147<br />
la cabine commune, plusieurs passagers jouaient<br />
aux cartes et aux dés : tous avaient trop bu ; le<br />
tabac, l'alcool, et une odeur fade, indéfinissable,<br />
. empuantissaient l'atmosphère. Un ivrogne avait<br />
accaparé tout un banc, s'y était étalé sur le dos, et<br />
divaguait à haute voix, en se donnant de grands<br />
coups de poing sur la tête; son haleine d'alcoo<br />
lique semait la nausée. Nos enfants dormaient<br />
sur des coins de banc; Mina se faisait peloter par<br />
un des chauffeu r s; ma mère et moi étions accrou<br />
pi ë s ilans un coin à terr , serrées l'une contre<br />
l'autre, très apeurées et n'osant dormir.<br />
Nous arrivâmes le matin à Rotterdam, oü des<br />
agents de police nous attendaient; ils interpel<br />
lèrent ma mère, en demandant « si c'était elle,<br />
cette femme . Je fus si humiliée qu'e traversant<br />
la passerelle, je dis tout haut à l'un d'eux :<br />
- - Mais on va croire que nous sommes des<br />
malfaiteurs 1<br />
. - Non, mon enfant, répondit-il,-nous ne les<br />
traitons pas ainsi.<br />
Ah ! cela me soulageait. Ils nous conduisirent<br />
très aimablement jusqu'à un bateau ·en partance<br />
pour Anvers.<br />
Ma mère avait emporté une provision de petits<br />
pains rassis qu'on vendait au rabais. Hein vint<br />
me dire, tout joyeux, qu'il aimait beaucoup voya-<br />
, 1